Douze

C ertains se sont déjà rencontrés et ont même travaillé ensemble. La réputation ou les rumeurs font que d’autres sont connus de tous. Un ou deux restent des énigmes. Leur point commun, en dehors d’avoir été conviés à cette retraite exclusive ? Ils œuvrent tous aux frontières de la légalité pour des officines officielles ou officieuses. Agents spéciaux, officiers de renseignements, facilitateurs, leur fonction connaît plusieurs noms. Une chose est certaine, il vaut mieux les avoir de son côté en cas de coups durs.

Thriller vaguement psychologique, whodunit et film d’action, Douze aurait aussi bien pu être une super-production à la distribution prestigieuse remplie de stars. En effet, l’histoire imaginée par Erik Hanna rassemble tous les éléments habituels d'une affiche hollywoodienne pas trop inspirée, malheureusement. D’ailleurs, les prémices de l’intrigue s’avèrent tellement minces qu’il est impossible d’en dire beaucoup plus sans éventer ses points saillants.

Donc, sans entrer dans les détails, des tueurs professionnels sont rassemblés derrière les portes closes d’un hôtel de luxe isolé pour un repas organisé par l’Hydre. Qui est-elle ? Une vague société secrète servant d’entremetteuse entre clients discrets et futures victimes. Il est facile de deviner que la suite des évènements ne tournera pas autour de la décoration intérieure des lieux ou de la qualité des vins servis pour l'occasion.

Pour donner un peu de corps à son récit, le scénariste a doté ses protagonistes d’une petite back-story plus ou moins entremêlée avec celle des autres. Vieilles rancœurs, rivalités ou affaires de cœur mal digérées, ces éléments permettent de meubler les discussions entre la poire et le dessert. Sur le plan des personnages, chacun est à sa place et remplit son rôle avec efficacité. Pour le reste, le lecteur s’ennuie un peu, tant il est forcé d’assister à une réunion dont il ne connaît aucun des tenants et des aboutissants. Laisser des zones d’ombre et jouer sur la surprise sont parfaitement acceptables, surtout dans ce type d’histoire. Par contre, un minimum de contexte ou d’enjeu est également nécessaire afin de provoquer, ne serait-ce qu’un peu d’empathie ou de ressenti. Ce n’est absolument pas le cas ici.

Visuellement, Hervé Boivin et Georges rendent une copie solide marquée d’un classicisme et d’un réalisme parfaitement maîtrisés. Les amateurs de Phillipe Aymond ou Colin Wilson devraient apprécier le trait précis et la mise en scène très tenue du dessinateur du Sabre et l’épée. Un peu plus de mouvement, particulièrement en seconde partie de l’ouvrage, aurait cependant apporté un supplément de tonus à la narration.

Plus blockbuster aux ressorts légers qu’imbroglio torturé à la John Le Carré, Douze offre néanmoins un moment de divertissement à haute tension et crispant à souhait.

Moyenne des chroniqueurs
5.0