L'alibi L'Alibi

Q ui dit crime parfait dit alibi solide. Les éditions Philéas savent bien de quelle manière les bas-fonds et la justice fonctionnent et, après un premier album collectif mettant en scène des meurtriers habiles, elles reviennent avec un complément sur la meilleure façon d’éviter de se retrouver en prison.

Même formule, mais maîtres d’œuvre renouvelés, L’alibi présente huit nouvelles ayant comme sujet commun les excuses ou les manœuvres imaginées par des présumés coupables pour confondre les enquêteurs. Évidemment, tous les plans ne se déroulent pas toujours exactement comme prévus et, parfois, le dindon de la farce se retrouve gros jean comme devant (et inversement). La version KKK anthropomorphique du Petit Chaperon Rouge de Richard Guérineau décape. Olivier Berlion offre une touchante relecture de «l’ami-avec-qui-on-a-passé-la-soirée» et le duo Springer/Lambour invente l’omerta passive plus ou moins involontaire, suivant les témoins interrogés. Classiques, décalées ou téléphonées, les différentes intrigues s’avèrent bien construites et visuellement frappantes (Thierry Robin et Richard Guérineau se démarquent particulièrement). Quant aux mobiles, vengeance, mesquinerie, problèmes de voisinage ou crise existentielle radicale, ce sont toujours un peu les mêmes. Depuis Raymond Chandler et Georges Simenon, au pays du polar, tout n’est que jeu de miroirs et écrans de fumée.

Anthologie noire d’excellente tenue, L’alibi offre un joli éventail de situations variées impeccablement mises en images. Une lecture recommandée à tous les amateurs de faits divers sanglants et de morale à géométrie variable.

Moyenne des chroniqueurs
6.5