Le convoyeur 4. La saison des spores

C omme beaucoup d’autres avant lui, Kivan avait ingéré le mystérieux œuf proposé par le Convoyeur pour prix de chacune des missions qu’il accepte. Il avait alors muté et était devenu l’un d’eux, un convoyeur parmi tant d’autres, un énième clone au service de la Tisseuse. Lorsqu’il avait retrouvé son amour de toujours, Minerva, cette dernière lui avait administré le sérum qu’elle avait mis au point et repris son aspect physique d’antan. Mais il demeure irrémédiablement lié à tous ses frères et, entre deux doses du remède qu’il s’injecte à intervalles réguliers, lutte avec vigueur pour ne pas rejoindre à nouveau la « toile ». Minerva le sait : pour mettre un point final à tout cela, elle doit détruire le mal à sa source…

Au printemps 2020, la France vient de connaître un confinement de près de deux mois lié à l’épidémie de Covid-19. C’est à ce moment que débarque dans les bacs le premier volet d’une nouvelle (encore une) série post-apocalyptique. Dire que ses auteurs ont eu une intuition serait sans doute exagéré, mais leur idée de départ entre nécessairement en résonance avec l’actualité d’alors : une bactérie, appelée rouille, s’est développée partout et détruit le fer. Les immeubles s’effondrent et le monde est plongé dans une forme de Moyen-âge technologique tandis que les humains, dont le sang est également rapidement contaminé, deviennent difformes.

Quatre opus plus tard, la série s’achève en ayant su conserver tout son intérêt et un soupçon suffisant d’originalité. Pas de grandes réflexions existentielles au programme… Que venaient, cependant, chercher les bédéphiles séduits par cette couverture mettant en scène un intrigant cavalier aux yeux rouges ? Sans doute un divertissement grand public, bien construit et mis en image de belle manière. De ce point de vue, Le Convoyeur a pleinement rempli son office. Dans cet ultime épisode, Tristan Roulot prend soin de conclure ses différents arcs narratifs. De manière un peu rapide, peut-être, et sans grande surprise ni twist final, mais avec une réelle efficacité et en ne laissant que peu de questions totalement sans réponse.

L’histoire a fait la part belle à des personnages charismatiques et à une multitude de créatures. Si Dimitri Armand a pu puiser quelques inspirations de costumes ou de paysages dans ses précédents travaux en western (Texas Jack, Sykes), il a fait preuve d’une remarquable inventivité pour croquer les physiques monstrueux ou encore les végétaux dégénérés. Constant et proposant un découpage percutant rythmant parfaitement les nombreuses scènes d’action, le dessinateur a aussi trouvé, dans ce dernier tome, l’occasion de quelques magnifiques pleines pages.

Bonne conclusion pour une bonne série, La saison des spores a tous les atouts pour contenter les lecteurs, qui auraient dès lors bien tort de bouder leur plaisir.

Lire la chronique du tome 1.
Lire la chronique du tome 2.

Moyenne des chroniqueurs
7.0