Un monde oublié 1. Première partie

E n pleine Première Guerre mondiale, l’équipage d’un submersible en perdition découvre une terre inconnue. À son bord, des Allemands et des Américains, dont l’ingénieur Bowen Tyler et Lys La Rue. Coupée de la civilisation, l’île héberge plésiosaures, ptérodactyles et autres grosses bestioles, mais également des hommes préhistoriques. Se désintéressant du conflit américano-européen, tous collaborent pour assurer leur survie dans cet univers hostile.

Un monde oublié, un roman signé Edgar Rice Burroughs a été publié en 1918. Il y a un petit côté naïf et suranné dans ce récit où, une fois de plus, l’occidental blanc domine sans mal les lieux et les bêtes, sans oublier les indigènes s’inclinant devant sa science. Aussi, le lecteur moderne fera mine d’ignorer que les anthropologues sont catégoriques : l’homme de Néanderthal et ses copains n’ont jamais côtoyé les grands sauriens.

En fait, le romancier transporte l’action très loin pour mieux parler des hostilités embrasant le vieux continent. Le créateur de Tarzan a choisi son camp : sous sa plume, les Germains enfreignent les règles de la guerre et ne se préoccupent pas de respecter la parole qu’ils ont donné la main sur le cœur. Les Britanniques et les Étasuniens sont pour leur part présentés comme des modèles de vertu.

Corbeyran a su extraire la substantifique moelle du texte. Il n’y a aucun temps mort dans cette fiction aux multiples rebondissements. L’adversité est partout et elle n’offre aucun répit aux sinistrés. Peut-être aurait-il pu couper dans le premier segment de l’album et arriver plus rapidement sur l’île.

Le tandem formé par les personnages principaux témoigne d’une certaine modernité. Le premier, héros archétypal, détient la force et la connaissance. Sa compagne est pour sa part cultivée, sait défendre ses idées et se servir d’une carabine s’il faut se protéger ou remplir le garde-manger. Sa sensibilité et son ouverture l’amènent du reste à établir des liens avec les autochtones. Bref, les protagonistes sont complémentaires.

Gabor propose d’agréables illustrations réalistes. Dans la première partie, il dessine des navires et des sous-marins convaincants, mais c’est dans la seconde portion, lorsqu’apparaissent les mastodontes, qu’il semble vraiment s’amuser en représentant des scènes spectaculaires. Un bémol, le jeu du paladin est figé, un peu comme s’il était constamment surpris et ébahi (ce qui peut tout de même se comprendre).

Un chouette lecture automnale. Merci à Glénat qui a fait le choix de lancer les deux tomes à quelques mois d’intervalle.

Moyenne des chroniqueurs
6.0