La bête (Frank Pé/Zidrou) 2. Tome 2

L a Bête a été capturée et se retrouve à la fourrière, attendant d'être transférée vers le Zoo d'Anvers. Le petit François n'a pas renoncé à lui venir en aide, mais comment faire ? Il l'ignore encore, mais il pourra compter sur l'aide de Fut-fut, pris de remords d'avoir harcelé son camarade de classe. Il devra par contre se méfier du professeur Sneutvelmans, expert incontesté de la cryptozoologie, nouvelle discipline scientifique de sa propre invention, qui est persuadé que l'étrange animal n'est autre que le mythique Cola-Cola. Tout ce petit monde va se lancer dans une vaste course-poursuite dans les rues d'un Bruxelles qui brusselerait presque.

Après un premier tome en demi-teinte, la conclusion de ce diptyque se révèle plutôt une bonne surprise. Frank Pé prend visiblement un plaisir énorme à illustrer le scénario de Zidrou. La capitale belge possède quelques décors grandioses, lui permettant de composer des scènes spectaculaires à souhait, que ce soit dans les magasins Waucquez ou le Musée des Sciences naturelles, celui-là même qui servit de décor aux Baleines Publiques de Broussaille. Le récit lui offre de nombreuses opportunités pour donner libre cours à son talent de dessinateur animalier. Ses planches sont vibrantes de vie, parfaitement mises en valeur par le magnifique travail de la coloriste, Elvire de Cock.

L'intrigue, quant à elle, reste très attendue. Elle continue de jouer sur la nostalgie et l'émotion parfois facile, mais sans tomber dans les écueils mélodramatiques du premier tome. Le ton est sensiblement plus léger et dynamique. Très vite, tout se résume à une traque sans véritable méchant. Les personnages sont en général assez classiques, juste assez fouillés pour remplir leur rôle, sans fioritures. Seuls deux protagonistes se détachent du lot : l'instituteur Boniface, écho d'un Franquin fantasmé, rêveur fantasque au grand cœur et le professeur Sneutvelmans, inspiré de Bernard Heuvelmans, créateur de la cryptozoologie, ami d'Henri Vernes, l'auteur de Bob Morane, et d'Hergé, qu'il conseilla sur plusieurs albums.

Sur le papier, la rencontre du Marsupilami et de l'auteur de Broussaille faisait rêver. Le résultat n'est finalement qu'un récit agréable sans être inoubliable. Visuellement, il serait difficile de trouver quoi que ce soit à reprocher au dessinateur et à sa coloriste. Le lecteur en prend plein les yeux. Les bonnes intentions évidentes du scénario ne suffisent malheureusement pas à élever La Bête au-delà d'une jolie histoire, sincère à défaut d'être originale. Cette bande dessinée conjugue tellement de talents et de promesses que les attentes étaient forcément immenses et inévitablement impossibles à satisfaire. De plus, les dernières pages donnent l'impression d'une conclusion artificielle et un peu forcée, agrémentées d'un caméo qui ne fonctionne qu'à moitié. C'est un album que le bédéphile aurait aimé adorer, mais que, finalement, il appréciera en dépit d'un sentiment de trop peu.

Moyenne des chroniqueurs
7.0