Le royaume sans nom 1. Acte I

« Montrer mes faiblesses au grand jour… dissimule toute ma force. »

Le roi vieillit. Sous son règne bienveillant s’est établie la paix. Plusieurs souhaitent toutefois prendre sa place. Son fils, qualifié de faible, l’aime profondément et n’est pas pressé d’accéder aux plus hautes fonctions de l’État. Sa mère l’incite néanmoins au régicide, c’est d’ailleurs une tradition familiale. L’arrivée de la délégation des royaumes du Nord précipite les événements.

Il y a du Shakespeare dans cette histoire faite d’alliances, de complots, de trahisons et de loyauté chancelante. Les protagonistes se manifestent du reste rarement où le lecteur croit qu’ils se trouvent et il est impossible de savoir qui tire vraiment les ficelles. L’intrigue est bien construite, chaque scène apparaît significative et la conclusion du premier tome est saisissante.

Le plaisir de la lecture ne serait pas tout à fait le même sans les dialogues d’Hérik Hanna. L’auteur adopte un niveau de langage agréablement soutenu, voire un peu empesé, sans pour cela s’avérer lourd. La prose du cerf ménestrel se veut particulièrement savoureuse, notamment lorsqu’il est surpris au lit avec deux jeunes guépards.

La saga repose sur une vaste galerie de personnages généralement intéressants, quoique stéréotypés. Parmi eux, un zèbre peureux, un porc goinfre et une lionne cruelle. Le récit présente par ailleurs de très nombreuses autres figures, si nombreuses qu’il est par moments difficile de s’y retrouver.

Le dessin de Redec, assisté de Lou aux couleurs, semble en décalage avec la tonalité de la narration. Il y a un petit quelque chose de Disney dans les comédiens qui rappellent ceux du Roi lion. Le jeu de ces derniers se montre à la limite de la caricature, alors que le registre se veut dramatique.

La comparaison avec Les 5 Terres de Lewelyn et Jérôme Lereculey est inévitable. Les deux séries ont en commun un monarque vieillissant, une course à la succession, une rivalité entre les espèces et, surtout, des acteurs anthropomorphes. Le parallèle est cependant ingrat, Le royaume sans nom n’est pas une simple variation sur le thème pas davantage qu'une copie, même si les enjeux abordés se révèlent forcément les mêmes.

Moyenne des chroniqueurs
6.5