L'Île du crâne 1. Groosham Grange

D avid est renvoyé de son collège sous le motif implacable de « camaraderie intempestive ». Son père est un banquier handicapé moteur, aux idées étroites sorties d'un passé irrémédiablement révolu. Sa mère est stupide et sans empathie. À la réception du courrier d’exclusion, une brochure glisse de la porte d’entrée sur le sol des Eliot. Une lettre personnalisée vante les mérites de Groosham Grange, pensionnat pour garçons, situé sur une île inaccessible. Au programme : mise à l’écart des parents et un jour de congé par an. C’est décidé, David partira dans l’heure qui suit. Dans le train qui l’emmène vers la mystérieuse destination, il fait la connaissance de Jill, jeune fille téméraire, et Jeffrey, gêné par un affreux bégaiement. Les enfants discutent. Ils ont tous les trois reçu une lettre différente de Groosham Grange, correspondant point par point aux désirs des familles, présentant un même établissement, mais à chaque fois décrit différemment. Leurs recherches les amènent à constater que le morceau de terre vers lequel ils se dirigent n’est recensé par aucune carte. Après Grégor, le domestique repoussant qui se déplace en corbillard, c’est le rafiot du capitaine Baindesang et Madame Windergast, l’intendante. Le trio ressent rapidement un malaise : tous les autres élèves semblent partager un secret, les adultes ont un comportement étrange. Ils ne sont pas au bout de leurs surprises.

Le scénariste et écrivain pour la jeunesse Anthony Horowitz a publié L’Île du crâne en 1988 (en France en 1991 dans La Bibliothèque Verte chez Hachette). C’est une histoire dans laquelle deux garçons et une fille se retrouvent dans une école peuplée de sorciers et autres monstres peu fréquentables, neuf années avant la publication du premier volume de la saga d’Harry Potter. La collection Pépites chez Jungle, spécialisée dans les adaptations de littérature pour jeunes, propose ce premier volume, scénarisé par Maxe L’Hermenier (Pirates des 1001 lunes), mis en images par Clément Lefèvre (L’Épouvantable peur d’Épiphanie frayeur). Le récit se trame autour des découvertes successives des héros, de leurs échecs et de leurs hésitations. Il est fort bien équilibré, entre mystère, humour et manifestations d’amitié, cocktail qui ne manquera pas de séduire son lectorat.

Le dessin de Clément Lefèvre fait la part belle aux ambiances, par un joli travail sur les couleurs et les éclairages. L’univers graphique ici développé est personnel, harmonieux et séduisant. Les trognes des protagonistes principaux sont attachantes, celles des résidents bizarres de Groosham Grange délicieusement repoussantes. Cette aventure est soignée et entraînante ; elle peut se déguster à tout âge.

Moyenne des chroniqueurs
7.0