Tout jaune

L éna et son frère Victor ont grandi auprès de leur grand-mère dans une exploitation agricole qui peine à subvenir à leurs besoins. En effet, les récoltes sont faibles, puisque le soleil a disparu. Un soir, lors d'un repas, la discussion s'envenime entre les adultes : certains se désespèrent, d'autres sont en colère ou bien résignés face à la pénurie qui pointe son nez. Léna veut prendre la parole mais personne ne l'écoute. Déçue, elle décide de prendre les choses en main et d'aller percer le mystère de la disparition de l'astre derrière une montagne.

Ce récit d'Hélène Canac est prenant. Sa construction narrative reprend celle du conte initiatique, dans lequel le personnage principal doit affronter plusieurs dangers afin d'obtenir une révélation. C'est le cas ici et les jeunes lecteurs peuvent aisément s'identifier, ou du moins avoir de l'empathie pour les héros. Refoulée par les plus grands, qui eux savent et de leur piédestal ne prennent pas en compte la parole des enfants, Léna fait preuve de courage et de ténacité. Épaulée par son jeune frère, leur périple les mène dans un endroit inconnu d'eux : la ville. C'est à ce moment de la bande dessinée que le discours de l'autrice se fait plus militant, mais sans exagération et de manière à rester à portée de la compréhension des bambins. Les lecteurs adultes, eux, comprendront l'implicite. Quant aux autres protagonistes, ils ont tous leur importance dans l'histoire, y compris le chien. Le happy end peut surprendre mais il s'inscrit dans la logique de l'intrigue.

La scénariste est également la dessinatrice et la coloriste pour ce one-shot. La physionomie de ses personnages apporte une douceur appréciable pour cette intrigue et son trait contribue à alléger l'approche du thème choisi.

Tout jaune est un album post-catastrophe réussi, où le mélange entre le conte et le message écologiste est parfaitement dosé.

Moyenne des chroniqueurs
6.0