La petite fille et le postman La Petite fille et le postman

L a poste américaine se doit de livrer tout colis de moins de 50 kilogrammes, qu'importe sa nature. Certains trouvèrent vite une faille dans cette règlementation. Pour faire voyager des enfants à moindre coût, il suffisait de les expédier, dûment affranchis. La poste était obligée de les prendre en charge et, même s'ils devaient voyager dans le wagon postal, ils arrivaient à bon port en toute sécurité... et pour une somme dérisoire.

Cette étrangeté sert de point de départ à ce récit. Au lendemain du tremblement de terre de San Francisco, la petite Jenny est littéralement envoyée à Chicago chez ses grands-parents, qu'elle n'a jamais rencontrés. Elle est confiée à Enyeto, un postier d'origine indienne à la carrure impressionnante. Ni l'un, ni l'autre ne sont ravis de devoir cohabiter, mais les événements les obligent à collaborer. Progressivement, une certaine complicité naît entre eux.

Ce road movie se déroule dans une société américaine en pleine mutation. En ce début du XXème siècle, le far west des cowboys laisse progressivement la place à un pays plus moderne, qui s'industrialise. Entre les grands espaces et l'enfer des "Yards", quartier des abattoirs industriels (qui servent de décor au formidable La Jungle d'Upton Sinclair), l'improbable duo semble curieusement décalé par rapport au monde qui s'agite autour de lui. Cette altérité les rapproche, indubitablement.

La petite fille et le postman est une histoire simple et généreuse. Si elle ne brille pas par son originalité, elle se révèle touchante. Sans marquer l'histoire de la BD, elle repose sur un joli scénario bien construit, illustré de manière sage et agréable par Vidal. Bande dessinée classique dans son approche narrative et graphique, elle s'appuie sur les bons sentiments pour proposer un album efficace et honnête dans ses intentions. Si ce n'est pas LE titre de l'année, il n'en reste pas moins une lecture très recommandable.

Moyenne des chroniqueurs
6.0