Nephilims 1. Sur la piste des anciens

W ashington, 1864. Les conservateurs du Smithsonian Institute viennent de mettre la main sur un document indiquant que des géants auraient vécu dans la région des monts Ozarks, en Arkansas. Le scientifique M. Taylor monte une expédition à laquelle se joignent la trappeuse Lawrence Beckwing et quelques soldats noirs, dirigés par le capitaine Jackson. Faisant fi des tuniques bleues et grises qui s’affrontent dans ce coin des États-Unis, ils partent à la recherche des créatures.

Au scénario de ce premier tome de la série Nephilims, le prolifique Sylvain Runberg s’associe à un nouveau-venu, David Dusa. Le duo apporte un éclairage nouveau sur la Guerre de Sécession. Au-delà des vérités indéniables (le Sud est esclavagiste), il rappelle que le mobile d’Abraham Lincoln n’est pas seulement altruiste, son objectif premier étant de faire obstacle à la volonté de sécession d’une partie du pays. Certes, le Nord se veut abolitionniste, mais la discrimination y demeure et les Afro-Américains y sont à peine tolérés. Dans l’armée, ils sont des militaires de seconde zone. Cette remise à l’heure des pendules se révèle intéressante.

Noyé sous ces considérations sociopolitiques, l’élément déclencheur, à savoir la motivation scientifique, n’apparaît qu’à la fin du premier quart de l’album. À cet enjeu s’ajoutent les droits des femmes et la question amérindienne. L’homosexualité de deux personnages est également brièvement évoquée. Bref, le tandem défend tant de nobles causes que la quête finit par sembler secondaire.

Stéphane et Juliette Créty réalisent un bon travail avec des illustrations aux accents expressionnistes. Le jeu de leurs comédiens se montre particulièrement convaincant. Les décors montagneux sont pour leur part très réussis. La colorisation d’Elvire de Cock est à la hauteur, notamment celle des séquences nocturnes.

Au final, Sur la piste des anciens présente un problème de rythme : longue introduction, déroulement plutôt lent, puis brusque accélération vers une conclusion tout de même intrigante.

Moyenne des chroniqueurs
6.0