Vesper 3. Aurora crux

À la fois humaine et chimère, Vesper est une hybride, particulièrement adroite lorsqu’il s’agit de maîtriser l’éther. Surnommée l’Amazone, elle avait mis ses prodigieux pouvoirs magiques au service des chevaliers de Nyx, emmenés par Crimson, le demi-frère bâtard du Roi. Elle contribue ainsi activement à la victorieuse bataille de Valestiel, qui permet au royaume de Sylvaestris de reprendre le contrôle de la ville sainte. Mais pour des raisons autant politiques que religieuses, Crimson est finalement trahi et condamné à un terrible supplice. Débordant de colère et de tristesse, Vesper s’abandonne alors à pactiser avec l’Archimériste, grand maître du Nocivus et seul capable de ramener le chevalier déchu. À ses dépens, l’héroïne constate toutefois qu’il est rarement opportun de s’allier à des forces aussi obscures et sournoises et le démon ne respecte finalement pas ses engagements. Accompagnée de son fidèle familier Zarak, elle reprend son chemin à la recherche de réponses et surtout d’un moyen pour sauver celui qu’elle aime. Une quête qui l’amène notamment à croiser, de nouveau, la route de Redgrave, inquisiteur de l’Aurora Crux.

Jérémy a commencé à travailler sur des bandes dessinées en tant que coloriste et ça se voit ! Cela saute immédiatement aux yeux à l’ouverture de l’un des tomes de Vesper, et cet opus ne déroge pas à la règle : des couleurs directes à l’aquarelle, intenses, nuancées et éclatantes de justesse. Variées, les différentes teintes s’avèrent par ailleurs participer pleinement à la narration, notamment par des choix judicieux de dominantes d’ambiance selon les scènes. Elles viennent en outre sublimer un trait réaliste d’une élégante finesse. Soignant tant les décors que les costumes, l’artiste délivre dès lors des planches percutantes qui immergent le lecteur.

À l’aise sur la partie graphique, Jérémy l’est également – dans cette première série où il se retrouve intégralement seul aux manettes – pour imaginer un vaste monde et y dérouler son récit. Il faut dire que ses précédents travaux lui ont donné l’occasion de côtoyer certaines pointures en la matière (Jean Dufaux et Alejandro Jodorowsky, excusez du peu). Bien ancrée dans l’heroic fantasy, l’histoire reprend quelques clichés du genre. Pour autant, elle ne sent jamais le réchauffé et parvient à conserver une réelle crédibilité qui doit beaucoup aux réactions profondément humaines des personnages. Ce troisième volet apporte également son lot de rebondissements et fait avancer l’intrigue. Plusieurs réponses commencent à être avancées, particulièrement par l’utilisation du flash-back, alors que de nouveaux acteurs font leur entrée. Si la série est avant tout un divertissement, la lecture n’en est pas moins exigeante. Le bédéphile peu attentif pourrait ainsi se perdre à travers ce scénario délicieusement complexe. Une certaine concentration est donc de mise pour bien saisir les différentes interactions entre les protagonistes ainsi que leurs motivations.

Bâtie sur un univers merveilleux abouti et ambitieux, Vesper est une saga prenante et rondement menée qui trouvera sa conclusion dans une quatrième et dernière partie.

Moyenne des chroniqueurs
8.0