Crazy Food Truck 1. Volume 1

G ordon, son truc, c’est son truck. Son food truck, dans lequel il prépare et vend sa spécialité, le sandwich BLT (recette en fin de volume). Enfin, pour être exact, il le prépare mais n’en vend aucun. Partout où il fait une halte, pas un client. Aucun. Jamais. Mauvaise étude de marché ? Circuit mal dessiné ? Hum, il doit y avoir autre chose. Un jour a priori comme les autres, il aperçoit sur la route une sorte de sac à viande. En fait de sac, un cocon plus qu’un basique accessoire de camping et en ce qui concerne la viande, elle est de la première fraîcheur : Alisa, 17 ans…

C’est l’été, la saison du « lire tout, voire un peu n’importe quoi » et Crazy food truck a le profil de l'emploi. Un solide gaillard lancé sur la voie d’une reconversion (oui mais de quoi ?) qui ne nourrira pas son homme et une ado à la plastique irréprochable, dotée d’un comportement propice à reproches (un véritable estomac sur pattes) dont les origines posent question aussi, sont associés pour un seinen un rien foutraque. Outre le fait de ne pas s’embarrasser d’une garde-robe – ou alors très sommaire -, totalement inconsciente du danger, la donzelle affronte à mains nues et avec succès un calamar des sables ou une vache-fugu (!) qui font dix fois son poids et sa corpulence. Dans quel but ? Pour les bouffer !

En même temps que les protagonistes, le lecteur apprend à connaître le duo qui, entre deux cabotinages fréquents chez les paires à l’origine mal assorties, joue les redresseurs de torts auprès d’autochtones opprimés. À quelques encablures, le flegmatique autant que déterminé Lieutenant Kyle et ses sbires sont aux trousses de la demoiselle. Il est d’usage de dire qu’il faut que le « méchant » soit réussi pour que le suspens fonctionne : mention bien en l’occurrence, même si son profil relève du déjà-vu.

En fait, ce personnage synthétise le ressenti, une fois ce premier volume refermé : pas ébouriffant d’originalité mais bien exécuté – y compris graphiquement -, punchy, flirtant avec le portanawak à l’occasion, rigolo sans être voué à quelque Panthéon que ce soit. Si, déjà, il trouve une place dans un top 5 personnel de plage ou d’après rando 2023, il aura rempli son objectif assumé.

Moyenne des chroniqueurs
6.0