Hacendado, l'honneur et le sang

U ne kyrielle d’édiles sans scrupules, un enfant de salaud chasseur de scalps, un homme d’honneur, sa femme de bien et leur fils de pute, quelques pumas affamés et une poignée d’Apaches sanguinaires pour donner le change… bienvenus dans l’État du Sonora ! Nous sommes en 1863 et le soleil brule la sierra.

Hacendado est un western âpre et sans concession dans lequel Philippe Thirault a pris ce qu’il y avait de pire en l’Homme et l’a compilé en un one shot. Pour l’occasion, le scénariste parisien opte pour une forme de surenchère qui s’essaye à rompre avec les mythes fondateurs. Dès lors, il en exploitant la part la plus noire et s’évertue à ce que les rares protagonistes s’abandonnant à quelques élans de droiture payent le prix fort pour tant de faiblesse. Mais, pour paraphraser Eduardo Gonzalez Manet, L’excès engendre un sentiment d’ennui !”, et comme la pagination (pourtant conséquente) ne permet ni d’approfondir la psychologie des principaux acteurs, ni de développer outre mesure les nombreuses séquences, Philippe Thirault est contraint de condenser son propos et à faire dans le manichéen plutôt que dans la nuance. Dès lors, une telle vilenie flirte avec l’overdose, même s’il est aisé de concéder, que l’époque aidant, ceci ait pu se produire… Sur une telle matière, Gilles Mezzomo livre quatre-vingts planches dynamiques et denses où son style réaliste donne toute son épaisseur à tant debarbarie et rend crédible le travail de son scénariste : la poussière, la sueur, le sang sont omniprésents que ce soit dans les bordels de Santa Ana ou dans les étendues arides du Solitario.

Hacendado confirme la renaissance d’un genre qui explore désormais son côté obscur !

Moyenne des chroniqueurs
6.0