Chinaman 8. Les pendus

S 'intégrer, se fondre dans la population dans l'ouest sauvage des USA quand on est chinois est une gageure insensée. Par le passé, la vie s'est chargée de l'enseigner durement à John Chinaman. C'est pourquoi désormais il vit sans attaches, convoyant des chariots de ravitaillement, sans cesse en mouvement. Mais nul n'échappe à son destin. En choisissant de libérer Zed, un jeune tricheur professionnel pendu par les pieds, puis, plus tard, de sauver un homme sur le point de se suicider par pendaison, John va remettre son destin en marche !

Depuis 1997 Chinaman poursuit son chemin et commence à s'imposer parmi les grandes séries de Western. Sans avoir la puissance d'un Blueberry, cette série n'en est justement pas moins originale. Originale par le propos avec ce héros, ancien garde du corps, condamné à l'exil dans l'Ouest américain et confronté à la bêtise et la cruauté des hommes. Originale de par les valeurs de tolérance et de fraternité qui imprègnent les aventures de John Chinaman, valeurs pas si souvent associées au genre. Car si Le Tendre connaît parfaitement les gammes du Western, c'est pour mieux jouer sa partition en virtuose.

Plus peut-être que dans les autres albums de la série, Les Pendus est truffé de références. On retrouve donc des clins d'oeil à la cultissime trilogie des dollars de Sergio Leone avec son "Blondin", ses pendus qui ne le restent jamais bien longtemps et son justicier solitaire. Le personnage de Wild Catty, lui, fera inévitablement penser à ces maîtresses femmes qui ont émaillé la si masculine histoire de l'Ouest telles que Calamity Jane ou encore Belle Starr. Gun-fights, saloons, poursuites dans le désert sont aussi de la partie, habilement mises en scène par TaDuc.

La série prend un tournant ici, puisque l'histoire est à suivre dans un prochain tome. Ce récit n'est d'ailleurs pas centré uniquement sur le personnage de Chinaman, comme si les auteurs avaient voulu que l'on s'attarde sur les autres personnages de cet improbable nouveau trio. Est-il destiné à durer plus loin que Tucano, prochaine étape et prochain épisode ? La matière est là en tout cas.

Quoiqu'il en soit, la case finale, avec ses héros chevauchants dans un magnifique soleil couchant, donne une irrépressible envie d'entonner un "I'm a poor lonesome cowboy, I've a long long way from home..."

Moyenne des chroniqueurs
6.0