Deviens quelqu'un

D ans la promotion 2000 des auteurs de BD, il y a un auteur en trop ! Alors que, pour nombre d'entre eux, le succès fut une évidence, il n'en a rien été pour Daniel Blanquette. Il végète, publiant peu et pas glamour. Son projet en cours traite de l'instauration des règles de la lutte gréco-romaine au XIXème siècle. Un travail de commande, évidemment, qui ne risque pas de changer son statut de modeste scribouillard. C'est alors qu'il apprend que son ancienne école d'art organise une exposition consacrée aux anciens élèves. Tout le monde est invité... sauf lui. C'est dire s'il n'a pas laissé une forte impression. Il faut admettre que la bande dessinée qu'il avait présentée pour valider son diplôme n'avait pas convaincu ses professeurs. Poussé par son éditeur, il décide de se faire inviter. Ses efforts seront médiocres et pathétiques, et le mettront face à ses limites et ses errances. Atteindra-t-il la rédemption ?

A la manière d'un Blotch, avatar détestable de Blutch, Blanquette figure un Blancou ridicule et envieux. Deviens quelqu'un se présente comme une pseudo autofiction qui égratigne le monde de la bande dessinée, de nombreux auteurs signant des planches parodiques attribuées à leurs alter ego. Lisa Mandel devient Lisa Modèle. Erwan Surcouf se dissimule sous les traits d'Erwan Surkiff alors que Blutch, encore lui, apparaît sous les traits de Crush. De plus, l'auteur y distille, au fil des pages, cette fameuse bande dessinée de fin de cursus : une étude rocambolesque dans le monde de la primatologie menée par un détective crétin. D'autres séquences introduisent une sorte de congrès futuriste où les protagonistes dissertent de ce qu'est devenue la bande dessinée à l'horizon 2050.

Beaucoup d'idées s'entrechoquent, avec une sacrée dose de copinage et, sans doute, de private jokes sur cent soixante planches. Pour quelques fulgurances, dont la première scène, particulièrement bien croquée, le propos parait inutilement dilué et l'ennui s'installe vite. L'attention est parfois accrochée par l'une ou l'autre séquence plus réussie, puis le soufflé retombe de nouveau. De bout en bout, le principe de récits imbriqués, qui se répondent et se complètent, apparaît trop artificiel et exhaustif pour ne pas lasser.

Moyenne des chroniqueurs
5.0