Sofia 1. La plage de la chaise rouge

D ans un monde où chacun est scotché à son écran et se satisfait de plaisirs virtuels, Sofia, dix-sept ans, préfère s’adonner à ce qu’elle aime en le vivant pleinement dans la réalité. Pour elle, rien de tel que de sentir les pages d’un livre sous la main ou la mer mouvante sous sa planche de surf. Mais, ce jour-là, son moment de détente est interrompu par un client peu amène qui a besoin d’un antivirus et vite. Rentrée à la maison, la jeune fille croise sa sœur Téa, quinze ans. Ultra-connectée, celle-ci sort d’une visioconférence avec ses amis. Elle avait une annonce à leur faire et pas n’importe laquelle : elle a découvert quand aurait lieu la vague légendaire qui pourrait chambouler l’internet. Elle n’a plus qu’un objectif : agir. Plutôt sceptique, Sofia lui confie le programme informatique à remettre à son commanditaire et sort pour faire un tour en skateboard. Perdue dans ses pensées, elle est propulsée dans un cyberespace rempli de dangers.

Dans La plage de la chaise rouge, Davide Tosello (Blue au pays des songes chez Vents d’Ouest) invite à découvrir une aventure aux confins des espaces numériques. Il commence par présenter à tour de rôle le duo de frangines aux passions opposées et laisse entrevoir un péril à venir. Puis, il enclenche la machine et les péripéties se succèdent en mode Virtual reality. D’îles en îles, l’héroïne tente alors d’échapper à de mystérieux ennemis, tout en bénéficiant de l’aide d’alliés inattendus. Dévoilée en fin d’album, l’identité de ces derniers éclaire les enjeux de la transposition du monde réel au virtuel et promet des développements intéressants pour la suite. Par ailleurs, l’auteur évoque de manière créative et juste certains aspects, pas toujours reluisants, de la sphère internet. Ainsi, l’un des lieux visités abrite les « rageux » ; chacun y déambule masqué et y libère son fiel sans filtre.

La partie graphique accompagne agréablement ce récit d’anticipation. L’artiste recourt à un trait semi-réaliste expressif et il maîtrise plutôt bien sa mise en scène, dynamique, caractérisée par de grandes cases très lisibles et parsemée de pleines pages. Les couleurs, informatisées, sont à l’unisson et rappellent le domaine aquatique avec leurs teintes bleues dominantes, tirant parfois sur le vert. En revanche, les effets floutés des reflets ou des images dans les écrans est parfois gênant, surtout quand ils apparaissent en gros plans. Enfin, pour mieux permettre de suivre les passages entre la réalité et le virtuel, l’auteur utilise le fameux pictogramme de localisation ; il a aussi pensé aux mélomanes en incluant des représentations de bonnes vieilles cassettes audios portant la mention de morceaux à écouter en cours de lecture.

Riche en rebondissements et pour peu que le lecteur adhère au concept des flous visuels, ce premier tome de Sofia offre un honnête moment de détente tout public.

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Moyenne des chroniqueurs
6.0