L'homme qui venait d'ailleurs

L es éditions Philéas sont spécialisées dans la bande dessinée adaptée de roman. Son catalogue s'enrichit de titres venant des classiques de la science-fiction,. Après Fahrenheit 451 et le meilleur des mondes, voici l'homme qui venait d’ailleurs.

Thomas Jérôme Newton est un capitaine d'industrie qui fait fortune dans la haute technologie. Ses produits sont très en avance sur leur époque, il devient alors la cible d'une surveillance étroite du gouvernement américain. Celui-ci tente de découvrir qui est cet homme surgit de nulle part. En tout cas, venant de loin, puisque Thomas est un extra-terrestre en mission pour sauver sa planète menacée par la désertification. Mais pense-t-il encore à sa mission ?

D'aucuns se souviennent du film de Nicholas Roeg sorti en 1976, avec un David Bowie, passé de l'incarnation de Starman à celle de cocaïnomane, dans le rôle de cet alien perdu. L'empreinte visuelle du long métrage est forte, tant et si bien qu'elle a masqué le roman de Walter Tevis, L'homme tombé du ciel », paru en 1963 et disponible chez Gallmeister. Devmayla Pramanik a choisi de coller à l'esthétique choisie par le cinéaste. Le personnage principal reprend les traits du chanteur/acteur et il est facile de d'identifier le reste du casting. Graphiquement, le dessinateur reste dans ses petits souliers contrairement à ses autres travaux récents. Néanmoins, son style est agréable à lire.

Dan Watters signe le scénario de cette adaptation de film, lui-même adapté d'un roman. L'exercice est périlleux. Il doit convaincre de nouveaux lecteurs sans oublier de plaire à celles et ceux qui connaissent déjà les supports précédents. Il s'en sort honorablement, ayant choisi de gommer certaines scènes afin de rester dans le format exigé. Le récit n'en reste pas moins fluide et compréhensible. L'essentiel est conservé, à savoir un extra-terrestre perdu qui s'éloigne progressivement de son objectif après avoir gouté au confort de la vie étasunienne. Malheureusement pour lui, il finit séquestré par le gouvernement avant de lancer sa dernière innovation. Lors de sa détention, il subit des expériences médicales qui ressemblent davantage à de la torture. Arrivant à s'enfuir, il erre sur terre noyé dans le spleen et l'alcool. Les auteurs rendent tangigle l'aspect de perdition et de mélancolie qui fait le sel du personnage principal, tout en accordant de l'importance à certains protagonistes secondaires.

À la fois regard acerbe sur le monde politico-économique et exemple-type du récit de SF écrit dans les années 1960 , l'histoire de l'Homme qui venait d'ailleurs est un indémodable du genre. La lecture de cet album peut être une porte d'entrée à cet univers ou un petit plaisir pour les fans de Bowie.

Moyenne des chroniqueurs
6.0