Enfin je vole ! Eugène Bullard, pilote dans l'armée…

U ne journée de travail monotone pour monsieur Casey se termine. Dans l'ascenseur de la grande entreprise, il salue le liftier, Eugène, et tout deux entament leur descente… Non ! Un arrêt brutal les laisse pantois. Qu'à cela ne tienne, quitte à attendre, autant discuter. C'est ainsi qu'un grand PDG va se sentir bien petit face à un vieil homme qui s'avère être le premier pilote de chasse nord-africain.

Ronald Wimberly conte l'histoire vraie de Eugène Bullard qui aura eu une vie bien mouvementée. Né dans le sud des USA, il partit en Géorgie pour finir ses jours à New-York, après un séjour déterminant en France, à Paris entre autres. Il voulait un endroit où un homme noir serait traité comme un être humain. Sa quête l'amènera ainsi à participer à des spectacles burlesques, à monter sur un ring de boxe et à se battre dans les tranchées françaises. Sous forme de chapitres, le récit recourt a un procédé narratif intéressant qui prend l'opportunité d'une conversation fortuite pour alterner les flashbacks et le présent. Le lecteur assiste alors à une revue de toute une époque, marquée notamment la ségrégation exercée dans les différents endroits et les traitements réservés aux gens de couleur. Le racisme, omniprésent, a significativement influencé les aspirations et les rêves d’Eugène Bullard et a fait naître chez lui une résistance telle qu’il a pu rebondir en toutes circonstances.

Le style graphique de Brahm Revel est réaliste, avec un trait alerte et spontané rehaussé d'aplats sépia. Les arrière-plans plutôt dépouillés mettent en valeurs les personnages expressifs.

Un destin enfoui dans l'anonymat que les auteurs ont eu raison de mettre en lumière dans ce Enfin, je vole !. Enrichissant.

Moyenne des chroniqueurs
7.0