(Dé)rangée
F
leur est une jeune citadine parmi tant d'autres dont la vie manque d'épanouissement. Bloquée dans un job où elle frise le burn-out, rabaissée par de prétendus amis et ses parents, elle est également trahie dans sa vie amoureuse. Lorsque tout devient routine, une rencontre hors norme se produit. Une femme qui flotte dans les airs apparait dans son appartement. Elle se présente : Line, "sa petite voix". D'abord ignorée, elle décide de coacher Fleur pour qu'elle reprenne sa vie en main.
Manon Henaux signe un scénario plaisant dont la trame de fond peut paraître vue et revue, mais la manière avec laquelle l'autrice s'en empare, en combinant différentes influences pour créer des protagonistes crédibles, évite l'accumulation de clichés. Fleur est l'archétype de la jeune femme qui se cherche et qui a toujours été dénigrée, jusqu'à ce qu'elle décide de se ressaisir. Entre des parents maladroits et moralisateurs et une grand-mère attachante, les liens familiaux contribuent à créer cette authenticité, Les relations amicales ne sont pas négligées et le e personnage de Line est amusant et facétieux, tenant de la bonne conscience et du gentil génie.
Greg Blondin assure les dessins et la colorisation de (Dé)rangée. Son style colle parfaitement à l'ambiance souhaitée. Il donne à ses protagonistes des expressions tantôt sérieuses, tantôt loufoques, afin de jouer sur la palette des tons et des sentiments. L'aspect donné à la petite voix n'est pas sans rappeler l'héroïne de la série Lum (Lamu en français) de Rumiko Takahashi, en plus habillée mais qui flotte dans les airs avec des poses décontractées. Il arrive même à glisser des personnages de ses autres séries dans les décors des cases. Les plus experts des lecteurs pourront ainsi croiser le jeune Hagard et ses amis. Le petit clin d’œil est charmant.
Tous les ingrédients sont là pour que cette tranche de vie agrémenté d'un soupçon de fantaisie prenne.
Ce premier tome de (Dé)rangée constitue une lecture sympathique, bénéficiant d'un traitement graphique des plus agréables. Un début de série prometteur.
7.0
