Les 5 Terres 10. « Réapprendre la peur »

L e palais du Sistre a été réduit en cendres, emportant avec lui les membres du Coucal. Ce sacrifice ne fait pas l’unanimité au sein du clan d’Alissa, réfugié au temple du Lantana. Les jours suivants vont être cruciaux. De son côté, Shin Taku use de persuasion pour obtenir le témoignage qu’il espérait dans l’affaire de la militaire assassinée. Mais cela suffira-t-il ? De retour sur le ring, Thori se démène pour remporter ses combats, tout en restant consciente de ses limites. Keona, elle, profite des fastes du palais et refait le monde en compagnie de son nouvel ami, Yero. Dans la jungle, Otsue et Teruo, guidés par Kauri, s’émerveillent devant leur fabuleuse découverte.

Chaque parution, à quelques mois d’intervalles, d’un tome des Cinq Terres constitue la promesse, pour le bédéphile, de passer un moment intense en compagnie d’une galerie de personnages diversifiés et accrocheurs. Ce dixième volet - quatrième épisode du cycle de Lys - confirme l’excellente tenue de la saga. En effet, le fil principal constitué par la guerre des gangs maintient son élan et la fin d’un adversaire ne signe pas l’arrêt des hostilités, bien au contraire ! Entre « labeur » quotidien de la famille du Sistre pour se refaire et intervenants mineurs qui prennent de l’importance, le trio Llewelyn décortique les soubassements d’un système et tient en haleine. Bien qu’en retrait, les trames secondaires avancent également. Celle qui concerne le prévôt se démarque, ici. D’une part, Shin Taku et son épouse voient leur histoire personnelle mise à l’honneur en fin d’album ; d’autre part, les scénaristes opposent judicieusement la vision de la justice de cet homme et celle de sa hiérarchie alysandrienne. Toute aussi intéressante, l’intrigue autour des étudiants et de leur expédition aux confins du royaume ne manque pas de combler les attentes. Certes un peu en deçà dans cet opus, le devenir de la pugiliste et ses doutes, ainsi que l’évasion dans les plaisirs et l’amitié pour la princesse amorcent un tournant pour ces protagonistes.

Le dessin de Jérôme Lereculey accompagne, encore une fois, brillamment cette histoire riche en rebondissements. L’artiste déploie son talent, joue des cadrages et des plans pour sublimer l’immersion. Séquences intimistes comme vues panoramiques sont travaillées avec soin, offrant une vraie balade au lecteur. Davantage mis en avant dans cet opus, le temple du Lantana et l’intérieur des ruines de la cité perdu dans la jungle font l’objet de vignettes et de planches très réussies. Le cliffanhger final laisse espérer que les auteurs exploiteront davantage les canaux de la capitale dans le prochain volume.

Cochant toutes les bonnes cases, Réapprendre la peur assoit un peu plus Les 5 Terres comme un incontournable de la BD Fantasy (mâtinée de réalités socio-politiques). La suite, Madame et Messieurs !

Lire les chroniques des tomes 2, 4, 5, et 8.

Moyenne des chroniqueurs
8.0