Batman - One Bad Day 1. Le Sphinx

C e lundi-là, John Oates change quelque peu ses habitudes. Il sort plus tôt du travail pour emmener sa fille à l’entrainement et commande un VTC plutôt que de prendre le métro. Alors qu’il attend sa voiture, un homme s’avance derrière lui. Une balle dans la tête. De sang-froid, sans la moindre hésitation. La scène est intégralement filmée par les caméras de vidéo-surveillance installées à travers Gotham City. Et l’assassin le sait. Le plus calmement du monde, il laisse tomber son arme, s’approche de l’objectif… et sourit.

Le Sphinx inaugure la nouvelle série Batman – One Bad Day d’Urban Comics. Le concept proposé est assez simple : une équipe différente s’attèle à narrer une histoire originale centrée sur l’un des ennemis de Batman. Le format repose sur le principe du récit court, tant par la pagination que par le temps de l’action (d’où le titre : un mauvais jour…). Une idée séduisante sans être révolutionnaire. À peu de choses près, c’est ce qu’offraient Alan Moore et Brian Bolland en signant, il y a déjà trente-cinq ans, une histoire autour du Joker, très largement devenue culte depuis : Killing Joke.

Tom King (Supergirl : Woman of Tomorrow, Strange Adventures, Rorschach) et Mitch Gerads (Mister Miracle, Sheriff of Babylon, Batman Rebirth) ont donc décidé de s’attaquer à Nygma. Le duo, qui a l’habitude de travailler ensemble, entremêle deux lignes de temps. La première, de nos jours, dépeint un Sphinx jusqu’au-boutiste. D’ordinaire si enclin à jouer avec les détectives pour se faire attraper, il paraît ici décidé à accumuler les meurtres. La seconde, en flashback, expose la jeunesse - contrariée, nécessairement - d’Edward Nashton. Un garçon travailleur, à l’intelligence remarquable et qui, peu à peu, laissera place à un criminel mystérieux. Le récit semble, de prime abord, reléguer le chevalier noir au second rang. À bien y regarder, les questionnements du super-héros quant à la meilleure solution pour stopper son adversaire sont pourtant au cœur du sujet.

Le rythme parfaitement maîtrisé et l’ambiance pesante créée notamment par le travail du dessinateur font de ce récit une franche réussite et un véritable page-turner. Les auteurs livrent une intrigue à la hauteur de ce super-vilain régulièrement aperçu mais rarement au centre du jeu. De quoi attendre patiemment l’arrivée de ce côté de l’Atlantique de la mini-série The Riddler: Year One, en cours aux États-Unis.

Avec un opus inaugural dédié au Sphinx particulièrement convaincant comme tête de gondole, Batman – One Bad Day démarre sous les meilleurs auspices. Reste à espérer que les volumes suivants seront d’aussi bonne qualité.

Moyenne des chroniqueurs
8.0