Speed Ball

L a star du baseball Graham Parsons était au sommet. Mais les excès en tous genres ont précipité sa chute. Suspendu de toutes compétitions depuis plusieurs années, divorcé et interdit de voir son fils, le voilà contraint de jouer son propre rôle dans un film porno dans lequel il a bien du mal à être à la hauteur de sa légende. Il est au bord du gouffre. Un courant d'air suffirait à le précipiter définitivement dans l'abîme. Alors qu'il contemple le gâchis immense qu'est sa vie, pathétiquement défoncé dans sa loge, un étrange vieillard surgit de nulle part et lui propose un marché. Il peut retrouver tout ce qu'il a perdu : sa carrière, sa famille et sa réputation. Pour cela, il n'a pas grand-chose à faire : tuer quatre personnes. Sans vraiment y réfléchir, il se retrouve embarqué dans une virée sanglante, flanqué d'un couple de fans bodybuilders gays.

Avec Speed Ball, les auteurs entraînent leur héros dans une fuite effrénée au cœur de l'Amérique interlope des années septante. Ils enchainent les rebondissements avec frénésie, ne laissant à personne le temps de respirer. Les scènes se succèdent à toute vitesse, plongeant de plus en plus dans un cauchemar tragi-comique où se mélangent les pires fantômes de la décennie, le tout porté par une ambiance mêlant pop, funk et soul. En effet, une playlist propose un titre pour accompagner la lecture de chaque chapitre, allant des Moody Blues à Marvin Gaye en passant par Funkadelic.

Le rendu est très cinématographique, ne se privant d'aucun cliché et saupoudrant l'ensemble de références plus ou moins directes. Le danger face à ce genre de récit tient à la tentation de sombrer dans le n'importe quoi, sous couvert de second degré. La frénésie n'est pourtant pas une justification pour oublier la rigueur narrative. Ce n'est pas le cas ici, et ce (mauvais) trip se dévore de la première à la dernière page, chevauchée trash et forcément dramatique d'un pauvre type pris au piège du mauvais génie de son époque.

Moyenne des chroniqueurs
7.0