Hyper Loto Espace

A pporter une bonne nouvelle, voyager à travers la galaxie... c’est finalement plutôt sympa de travailler pour le Loto cosmique. Surtout quand le boulot se résume à aller donner leur lot aux gagnants. Bon, pas sûr que je reviendrai sur Gräkzörk. Être obligé de porter une arme afin de pouvoir visiter la planète, ça ne promet rien de bon. Enfin, c’est comme ça, voyons voir l’adresse…

Entre pur plaisir régressif et savant jeu de scénaristique, Hyper Loto Espace s’avère être un album étonnant et mystérieux. En effet, sous couvert d’un récit de SF coloré rappelant quelques dessins animés des années quatre-vingts avec des robots géants et des personnages harnachés dans des armures pas moins éclatantes, Matis Monvoisin a volontairement brouillé les pistes. Après quelques pages introductives à la tonalité parodique, l’affaire se complique alors que le scénariste entame une sérieuse déconstruction narrative de son histoire. Montage parallèle, chronologie décalée, jeux de piste graphiques et une distribution exponentielle, la lecture prend de l’ampleur à chaque nouveau chapitre. Tel que souligné plus haut, l’effet est surprenant et apporte du piquant, sans être véritablement crucial ou vraiment justifié sur la longueur. Pour autant, le résultat fonctionne et procure une identité forte, certes chancelante ou instable, à cette fable spatiale adorablement retro.

Plus contemporain dans le geste, le travail d’Arnaud Rouesnel est bel et bien d’aujourd’hui. Minimaliste, mais très variée (acrylique, crayon, feutre), son approche rappelle certains travaux de Philippe Valette ou de Tarmasz. Par contre, à l’instar du scénario, si ces variations de techniques enrichissent l’ouvrage, leur utilisation reste purement gratuite et ne repose sur aucune raison discernable par le lecteur. Le dessinateur s’amuse et fait simplement étalage de son talent. Pourquoi pas, c’est son bouquin en fin de compte.

Première œuvre joliment troussée et bien campée dans notre époque, Hyper Loto Espace est une curiosité sympathique réalisée avec malice et une certaine gourmandise. Un très bon galop d’essai à découvrir.

Moyenne des chroniqueurs
7.0