Sweet Paprika Sweet paprika

D ifficile d’exister, entre un père qui veut faire de vous une sainte et les démons qui vous habitent. Alors comme beaucoup, Paprika suit la voie tracée par d’autres, quitte à s’oublier en route. Mais par les feux de l’Enfer, pourquoi ne pas céder aux charmes de la luxure et à d’autres péchés, pour peu qu’ils soient capitaux plutôt que véniels !

Sweet Paprika est le dernier album en date de Mirka Andolfo, celui de la reconnaissance Outre-Atlantique avec, en octobre 2022, le Harvey Award du meilleur comics international lors du New York Comic Con. Edité aux USA par Image Comics, en Italie chez Star Comics - au printemps 2021 – et dernièrement chez Glénat, ce premier volet d’un triptyque consacre une auteure encore peu connue de ce côté des Alpes, mais qui depuis de nombreuses années travaille pour DC Comics (Harley Quinn, Wonder Woman, Punchline), Marvel (Ms. Marvel) ou bien Dynamite (Red Sonja)… excusez du peu !

Sweet Paprika fait irrémédiablement penser à Lore Olympus , au-delà du fait qu’ils soient tous deux écrits par une trentenaire ! Même volumétrie, même graphisme hybride qui emprunte aux codes du comics et/ou du manga, même héroïne qui se cherche dans un Enfer pas forcément taillé pour elle et qui traine ses considérations existentielles tel un boulet. Cela étant, derrière une apparence des plus girly à l’érotisme judicieusement contrôlé, l’égérie d‘Infernum Press cultive une psyché plus complexe qu’il puisse y paraître de prime abord. Alors évidemment, impossible d’éviter les sujets chauds du moment, mais pour l’heure, ceux-ci semblent parfaitement s’inscrire dans l’histoire plutôt que de s’en servir ! Paprika est libidineuse à souhait, belle à damner un saint ; intransigeante envers ses collaborateurs à force de l’être avec elle-même, elle se coupe de tout et de tous faute d’arriver à s’émanciper de la tutelle paternelle et d’oser affronter ce qui sommeille en elle.

Léger sans être superficiel, ce récit vendu comme une comédie romantique à la Bridget Jones, pimenté de Sex & The City avec un doigt de Le Diable s'habille en Prada ne se prive pas de dessiner ce que Mirka Andolfo a à dire. De là à en faire un manifeste de la fumettista napolitaine, il y a un pas à ne pas franchir… quoique !

Poivré d’un humour satyrique et caustique, divisé en douze chapitres en noir & blanc et... rose, Sweet Paprika avec son trait fluide et expressif, voire caricatural, n’est cependant pas à mettre entre toutes les mains surtout lorsqu’il aborde le rivage du Kink !

Moyenne des chroniqueurs
6.0