Eddie & Noé 1. Plus chauds que le climat !

O ù peuvent aller des collégiens, de bon matin, en pleine période scolaire ? Devant les portes de l’Athénée Frimout pour donner le change d’abord, puis à une manifestation pour le climat, pardi ! C’est une première pour Noé et Eddie, amis d’enfance, ainsi que pour la jolie Sarah qui s’est greffée au duo. À leur retour au bahut, les remontrances du directeur n’ont pas effacé leur bonne humeur et une idée a germé : organiser un sit-in pour dénoncer le gaspillage à l’école et sensibiliser camarades comme professeurs. Tandis que les préparatifs vont bon train, Noé confie ses sentiments pour Sarah à Eddie, compréhensive. Puis arrive la fête où leur copine les a invités. C’est l’occasion pour le garçon, intimidé, d’approcher la fille qui fait vibrer son cœur. Malheureusement, rien ne se passe comme prévu.

Ce premier tome d’un diptyque signé Max de Radiguès et Hugo Piette aborde des sujets actuels et diverses questions existentielles assaisonnées au goût du jour. En effet, le scénariste belge évoque, d’une part, l’investissement de la jeunesse en faveur de la cause environnementale, à la suite de l’incontournable Greta Thunberg. D’autre part, il met en avant des amours adolescentes dans un esprit d’inclusion, sans oublier de faire référence au consentement, au genre, à l’omniprésence des smartphones et au réflexe de tout filmer pour diffuser du contenu sur les réseaux sociaux. Évidemment, amitié, complicité et importance du respect sont également convoqués dans ce récit dont le traitement teinté d’humour possède un fond sérieux. Quant aux adultes qui s’ajoutent à la galerie de protagonistes, ils n’en mènent pas large, qu’ils veuillent se la jouer cool à l’image du père d’Ellie, qu’ils soient vampirisés par leur boulot comme la mère de Noé, ou qu’ils soient à la fois dépassés et réacs à l’instar du proviseur.

Rythmée et parfaitement maîtrisée, l’intrigue va bon train. Les événements s’enchaînent, sans guère de pause. Toutefois, ces dernières, qui ont généralement pour cadre l’intimité d’une chambre, se révèlent éloquentes et permettent aux héros de souffler et de se laisser aller à leurs états d’âme. Ceux-ci sont, d’ailleurs, bien restitués par le dessin plutôt expressif de Hugo Piette. La ligne claire de l’artiste va à l’essentiel et s’appuie sur un recours à un découpage en cases sagement rectilignes, façon gaufrier, agrémenté de quelques vignettes s’affranchissant du format général. Avec cela, le jeu sur les cadrages assure une bonne dynamique, tandis que la représentation des bruitages plonge dans l’ambiance – notamment celle de la fête chez Sarah.

Touchant à des thèmes modernes, Plus chauds que le climat ! est une fable sociale qui se lit avec plaisir et trouvera un écho favorable dans les préoccupations des ados d’aujourd’hui – et même auprès de leurs parents.

Moyenne des chroniqueurs
6.0