Coven

R assemblées dans le parc, autour du majestueux orme centenaire menacé d'abattage, Diane, Lily, Morgane et Ève décident de tout mettre en œuvre pour le préserver. « Et pourquoi pas tenter de jeter un sort ? » lance l'une d'entre elles. Sans hésiter les quatre amies se donnent rendez-vous quelques jours plus tard, le temps de ressortir leurs vieux grimoires et rassembler les ingrédients dont elles auront besoin.

Après Colossale, Dupuis continue de s'intéresser au webtoon en publiant Coven. Cette fois encore, ce sont les créateurs, Taous Merakchi (scénario), Da Coffe Time (dessins) et Christo (couleurs) qui se chargent de l'adaptation. Si le résumé publié par l'éditeur laisse craindre une énième resucée d'apprenties sorcières provoquant un désastre avec un sort qui tourne mal, réduire Coven à cet à priori serait une erreur. En effet, pour son entrée dans la bande dessinée, la scénariste construit un récit rapidement intrigant. Une petite ville contemporaine quelconque, probablement d'Amérique du nord, sert de décor à une trame où la magie est omniprésente. Autour de ces jeunes femmes dans l'air du temps, que le franc-parler et les répliques bien senties contribuent à rendre attachantes, l'intrigue proposée est certes conventionnelle mais bien menée.

Découpée en courts chapitres, l'histoire ne souffre pas de son changement de format. Le rythme est bon, la lecture aisée et la fluidité au rendez-vous. Le travail de Da Coffee Time est, à ce sens, précieux. Si son trait ne plaira pas aux tenants de la ligne claire, il n'en demeure pas moins maitrisé et efficace. Pour habiller ses planches, les teintes de Christo, parfois un peu sombres sur le papier mate retenu, soulignent les ambiances mystérieuses et accompagnent les séquences plus classiques. Entre deux sorts, le quatuor vit ce que tou(te)s les adolescent(e)s traversent à ce moment de leur existence : fêtes, engueulades, cours ennuyeux, amourettes plus ou moins durables, doutes, soirées TV... C'est justement cet ancrage dans la vie réel qui rend le récit plaisant. Malgré les péripéties magiques et les rebondissements qui en découlent, l'adhésion à cette aventure, voire l'identification aux protagonistes, fonctionnent.

Légèrement flippant, régulièrement drôle et totalement prenant, Coven est une belle surprise. Un album original qui marque l'entrée de Taous Merakchi dans le neuvième Art et confirme le talent de Da Coffee Time.

Moyenne des chroniqueurs
7.0