Concrete 2. Fragile créature
S
acré tour que des aliens en vadrouille ont joué à Ronald Lithgow ! Afin d'étudier la faune terrestre, ils ont échangé son corps avec celui d'un être fait de béton, pesant plusieurs centaines de kilos, et doté d'une force et vision surhumaine. Ron est-il encore lui-même ou n'est-il plus que Concrete, cette créature de béton qui n'en finit pas de fasciner les scientifiques et le reste de la planète ? Quoi qu'il en soit, les extra-terrestres repartis, Lithgow n'a d'autres choix que d'assumer ce corps inhumain ainsi que ses angoisses. Lorsque des producteurs d'un film de science-fiction à petit budget, "Les Seigneurs de l'Omnivers", lui proposent de les aider à réaliser leurs effets spéciaux, Concrete accepte. Mais la tâche qui l'attend va s'avérer bien plus compliquée que de simplement soulever des rochers de plusieurs tonnes...
Quel personnage original que celui de Concrete, très lointain cousin de la Chose des 4 Fantastiques ! Ici, point de bagarres épiques ou de monde à sauver des griffes d'un mutant fou à lier, juste l'histoire d'un homme placé dans une situation incroyable qu'il doit gérer au jour le jour du mieux qu'il peut. On imagine sans peine la douleur qu'il peut ressentir en continuant à éprouver le sentiment amoureux alors que l'amour physique lui est définitivement interdit. Ou encore tout simplement, combien il est difficile d'endurer le rejet qu'il suscite auprès des gens soit trop effrayés soit trop stupides pour voir l'être humain qui subsiste sous cette carapace de béton. Sans parler des casse-tête quotidiens que son corps lui impose... Avec une économie d'effets, Paul Chadwick dépeint donc un être extrêmement sensible qui, malgré son aspect, se révélera "plus qu'humain" (pour reprendre le titre du célèbre roman de Theodore Sturgeon).
On pourra par contre suivre avec un peu moins d'intérêt les péripéties cinématographiques de Concrete. Si la description d'un plateau de tournage avec ses contraintes et ses déceptions sent le vécu (Chadwick lui-même a participé au tournage d'un film), il n'en reste pas moins des épisodes peu palpitants. Bien sûr Chadwick joue justement avec ce quotidien trivial mais le lecteur se surprendra à avoir l'esprit papillonnant ailleurs que sur le tournage des "Seigneurs de l'Omnivers".
C'est certainement une série à part dans le monde des créatures de comics à superlatifs, en se démarquant nettement de leurs intrigues traditionnelles. Concrete mérite sans nul doute un détour et saura trouver un public de curieux.
5.3