No sleep till Shengal

D evenu une célébrité du petite monde de la BD à force d’exposer ses affres métaphysiques d’adulescent atteint de troubles anxieux généralisés et de nouer une relation particulière avec ses fans lors de séances de dédicaces marathon, Zerocalacare sort son dernier album édité - en Italie - à plus de 230.000 exemplaires et devenu n°1 - à sa sortie - des ventes, tous genres confondus !

Carnet de voyage ou reportage, No sleep till Shengal s’inscrit dans la lignée de Kobane Calling et plonge dans les drames des Yézidis, naufragés de la géopolitique moyen-orientale.

Refusant tout militantisme ou misérabilisme hors de propos, Michele Rech réussit - grâce à son empathie et à la distanciation qu’autorise son humour - à faire prendre pleinement conscience de la tragédie du peuple Yézidi. Sans réelle illusion sur la portée de sa BD et sans indulgence avec lui-même, il retranscrit son impuissance face à l’horreur et à l’absurdité qui embrase le nord Irakien, tout comme il met pudiquement en valeur l’abnégation de ceux ou celles qui tentent - dans le confédéralisme démocratique - de subsister en tant que communauté à défaut de nation.

No sleep till Shengal nous renvoie à notre naïveté ou à notre ignorance et relativise nos petits problèmes d’Occidentaux face à un quotidien où une mine, une balle, un drone quand ce n’est pas une arrestation arbitraire transforment un banal « Au revoir » en un irrémédiable « Adieu ».

Du très bon, voire du grand, Zerocalcare !

Moyenne des chroniqueurs
8.0