La contrebande Society de Forest Hills La Contrebande Society de Forest…

F orest Hills, Californie, à 69 miles au nord de San Francisco, une mégapole de 9 003 habitants fondée en 1881. Son bowling, son À-Burger-dage, son Académie chrétienne et son pensionnat. C'est dans cette bourgade que Melissa, Brooke, Kelly et Maggie passent leur adolescence. Pas vraiment populaires, les quatre amies traînent pour tuer le temps en espérant une vie meilleure. Dans la foi, loin de Forest Hills ou en matant des animes, chacune possède son rêve secret. Un jour, elles trouvent enfin comment changer leur quotidien. Pour le meilleur comme pour le pire.

Signé Dave Baker (scénario) et Nicole Goux (dessins et couleurs), La contrebande society de Forest Hills est un pavé de plus de deux-cent-vingt pages en bichromie blanc et nuances de bleu, édité par Sarbacane. Les deux auteurs (qui ont déjà publié deux autres titres outre-Atlantique, Everyone is Tulip et F*ck off squad) proposent une histoire au postulat de départ assez... incongru. Ce n'est d'ailleurs pas la seule surprise de l'album. En effet, le scénariste, tout en décrivant l'ennui de ses héroïnes engoncées dans une éducation religieuse ridiculement stricte, prend son public au dépourvu avec une narration originale. Il ponctue ses séquences de pages décrivant la « brève histoire de... » qui enrichissent la caractérisation des personnages principaux grâce à des détails de leurs vies ou des anecdotes.

Le procédé est également appliqué, sous une forme allégée, sur certaines cases et crée un décalage de ton bienvenu. Si l'effet comique est réussi, il a toutefois tendance à densifier les planches et à alourdir inutilement leur lecture, surtout en début d'album. Heureusement, pour faire passer ces nombreuses informations et garantir une certaine fluidité, Nicole Goux propose une mise en scène à la fois claire et inventive. Jouant sur la typographie des dialogues et de ces narratifs autant que sur le découpage, la dessinatrice de Shadow of the Batgirl démontre un talent certain. Sous un trait rond, apparemment simple, elle parvient à faire passer les émotions et à maintenir les lecteurs dans l'intrigue. De plus, sa prestation reste constante, malgré la forte pagination, jusqu'à l'ultime planche et permet de suivre les héroïnes dans leurs premières amours et la quête de sens typique de leur âge.

Surprenant, drôle et divertissant, La Contrebande society de Forest Hills se révèle une lecture pour les pré-ados originale. Avec cet album, Sarbacane a déniché un duo dont les prochains titres seront à suivre avec intérêt.

Moyenne des chroniqueurs
6.0