Celle qu'il n'attendait pas

S ans vraiment savoir pourquoi, les pas de Camille la ramènent invariablement vers ce banc, devant la maison de Roland Mars, écrivain réputé et éphémère amant de sa mère trop tôt disparue… Mais, cela suffit-il à expliquer cette attirance pour cette bâtisse pour le moins énigmatique ?

Et si, sans en avoir conscience, nous étions la synthèse de ceux que nous avons été ; si, au fil du temps, nous accumulions une somme de connaissances dont seul un cheminement initiatique pourrait nous faire prendre possession ? Tel est le pitch développé par Makyo dans Celle qu’il n’attendait pas. Présentant certains parallèles avec Les rivières du passé de Desberg & Corboz, ce récit au propos ésotérique reprend le thème séculaire de l’initiation, de la recherche d’une l’élue à la découverte d’elle-même et du destin qu’il lui échoit… .Pour l’occasion, les tenants du wokisme ambiant se réjouiront du fait que le héros soit une héroïne, les autres passeront outre ce détail tant Makyo en fait une évidence. La solidité d’un scénario aux ingénieuses variations actée, il convient également de faire mention du trait (très) encré de Luca Casalanguida et d’un dessin, visiblement influencé par son travail sur les fumetti/comics (DylanDog, Lost Soldiers), ce qui renforce la singularité graphique d’un album à la frontière de deux mondes.

Celle qu’il n’attendait pas est de ces one-shot qui, en à peine plus de soixante-dix planches, savent créer un univers en lui donnant sens. Dommage que, dès le départ, il ne fut pas question d’un diptyque, ce qui aurait été l’occasion de s'attarder sur certains passages par trop elliptiques…

Moyenne des chroniqueurs
6.0