Soloist in a Cage 1. Tome 1

E nfermée dans un minuscule appartement, Chloé passe ses journées à s’occuper de Locke, son petit frère nourrisson. À sept ans, elle n’a jamais connu l’extérieur. Et pour cause ! Vaste ghetto, la Cité-prison accueille une large proportion de criminels prêts à faire la peau à qui se risquerait dans ses ruelles et les enfants y sont des proies de choix... Jusque-là, la survie des orphelins a été garantie par la générosité d’un voisin inconnu. Cet homme, Ross Sandberg, s’apprête à s’évader avec deux compagnons. Un plan surpris par Chloé qui, consciente du proche arrêt de l’aide, décide de tenter sa chance à leur suite. Mais, faire basculer le destin a un prix qui conduira la fillette, devenue grande, à retourner au cœur du bagne…

Chez Ki-oon, l’année commence avec l’entrée en lice de Soloist in a cage, un triptyque signé par Shiro Moriya, dont c’est la première œuvre publiée. D’emblée, le lecteur est happé par l’ambiance angoissante de cette quête-sauvetage en immersion dans un lieu hautement mortifère et fasciné par son héroïne d’apparence fragile qui recèle cependant une force insoupçonnable.

En quelques pages, l’autrice plante le décor d’un récit à la fois glaçant et captivant. Décrit en peu de mots, l’enfer malfamé de la Cité-prison contraste vivement avec le cocon, certes précaire, où vivotent Chloé et son frangin. Il résonne en revanche, dès le début, avec l’état d’alerte constant de Ross Sandberg et de sa bande durant leurs préparatifs d’évasion, puis avec la tension qui règne dans les rues, ainsi qu’aux abords de la gigantesque ville. Entre actions et informations judicieusement distillées, l'intrigue va bon train et ne souffre d’aucun temps mort. Si le chapitre initial avance crescendo jusqu’à une scène déchirante, les deux suivants, également intenses, jouent davantage la carte du thriller. Dotés d’une atmosphère encore plus épaisse, ils offrent à la mangaka la possibilité d’étaler les compétences de son personnage principal, tout en dévoilant la réalité sordide de l’endroit et de ceux qui y font la loi. Cela suffit à faire pardonner le côté attendu de certains développements et le manque de données autour de ceux qui chapeautent l'endroit

L’autre force de cet album tient à son graphisme bien léché. Les protagonistes sont solidement campés ; l’artiste dote les malfrats de vraies gueules de l’emploi auxquelles elle oppose la gracilité et le regard éperdu de larmes de sa danseuse aux talents mortels, ou encore la solidité des alliés de cette dernière. La mise en image des tréfonds de la ville pénitentiaire dans des scènes envahies par le noir des ombres environnantes s’avère réussie. De même, l’enchainement des cases ainsi que l’alternance des plans et cadrages assure une bonne dynamique, tout en intensifiant l’immersion.

Adroitement mené et brillamment illustré, Soloist in a cage invite à une valse palpitante sur fond de quête-sauvetage en territoire infernal. Rendez-vous en mai pour le second mouvement.

Moyenne des chroniqueurs
7.0