Dementia 21 1. Volume 1

D ans Dementia 21, les lecteurs découvrent et vivent les péripéties de Yukie Sakai, une jeune aide à domicile pleine d'entrain, désireuse d'aider ses clients âgés. Une vocation noble et difficile qui tourne rapidement en une suite d'aventures les plus rocambolesques et plus dérangeantes les unes que les autres !

L'auteur surprend avec ce titre. En effet, il opte pour une approche surréaliste conjuguée à son humour boderline, afin d'aborder à sa manière un problème de société qui frappe le Japon depuis plusieurs années : le vieillissement de la population. Pour l'occasion, il met de côté son style éro-trash qui marque le reste de sa production. Graphiquement, il franchit un cap. exécutant des planches en virtuose, il manie et utilise les perspectives dans la verticalité des décors, qui sont élaborés avec minutie, au service de sa narration. Le mangaka s'amuse aussi avec d'autres formes géométriques, telles les spirales qui donnent un ton unique et magistral. Chaque chapitre est par ailleurs séparé du suivant par une page représentant son héroïne décortiquée ou explosée.

Le scénario peut paraître simple de prime abord. Cela n'est qu'illusion pour mieux tromper le lecteur. Là encore, Kago s'en donne à cœur joie, en particulier lorsqu'il emploie de nombreuses mises en abyme, rappelant le travail de Satoshi Kon sur Opus. Le thème choisi n'est pas original dans le manga, Katuhiro Otomo l'avait traité dans son Roujin Z (un des chapitre rend d'ailleurs hommage à ce titre). Les seniors sont à la fois touchant et horribles. Leurs proches et la société les rejettent ; seule Yukie s'en soucie témoignant d'une bienveillance et d'un humanisme frôlant la naïveté. De cette manière, l'auteur s'autorise des allusions au Tokoketsu, aux super héros ou présente une IA contenue dans un dentier qui se rebelle, une stage commando avec un sergent instructeur digne du fabuleux sergent Hartman, des extra-terrestres devenant accro au pachinko... Tout est prétexte à critiques et facéties.

Shintaro Kago est un génie polymorphe, l'un des plus grand mangaka du moment. Avec Dementia 21, il prouve qu'il peut aller loin dans l'humour absurde tout en échappant au piège d'être enfermé dans l'ero-guro qui l'a fait connaître. Il parvient magnifiquement à traiter d'un thème important à ses yeux tout en restant dans sa loufoquerie habituelle.

Moyenne des chroniqueurs
9.0