Blancaflor - La princesse aux pouvoirs secrets

D ans le lointain château Sans-retour, Blancaflor écoute son ogre de père se réjouir du plan machiavélique qu’il a conçu pour mettre dans son assiette un prince des plus naïfs. Quand ce dernier débarque en chutant du ciel, la jeune fille vole à son secours et c'est le coup de foudre. Alors que l’ingénu mise sur sa chance pour relever les trois défis impossibles imposés par le géniteur de sa belle, celle-ci décide d'utiliser ses dons pour aider de son bien-aimé. Mais pas question de lui en souffler mot.

Fabuleux matériau pour transmettre des idées et des concepts, le conte a encore de beaux jours devant lui. Parfois millénaire, nourri par les rencontres et les échanges, il possède la faculté d’être modelé et de… se moderniser. Après un long voyage depuis la Norvège jusqu’en Amérique latine où elle s’est colorée de nuances tirées des légendes mayas, l’histoire de Blancaflor est de ce genre : intemporel et malléable.

Dans la version narrée par Nadja Spiegelman et mise en images par Sergio García Sánchez, la figure de l’héroïne est marquée par la vision latino-américaine de la femme indépendante et son parcours ne manque pas de rappeler celui d’autres dames fortes et prêtes à tout pour aider celui qu’elles aiment. L’intelligence, la bonté et la modestie de la protagoniste font face à l’aveuglement benêt de son soupirant et à la méchanceté gratuite de son paternel. De l’exposition des vils objectifs de ce dernier au triomphe final de l’amour, le récit s'avère riche en épreuves et péripéties qui offrent l’occasion d’admirer l’ingéniosité de la demoiselle. Alors, certes, les événements se déroulent assez vite et paraîtront parfois simplistes, mais le discours s’adresse d’abord au public jeunesse et, de fait, l’essentiel est dit, en quarante-et-une pages, avec ce qu’il faut d’humour pour amener quelques sourires.

La partie graphique se révèle également pleine d’inventivité. Si le trait n’enthousiasme pas à première vue, il s’avère expressif et sa tendance à la caricature s’accorde bien avec le ton général. Par moments, le dessinateur s’affranchit des cases et joue avec les volumes des décors pour conférer mouvement et dynamisme aux différentes séquences. Cela donne ainsi l’impression de voyager, littéralement, par monts et par vaux, à la suite des personnages.

Agréable et inspirant, Blancaflor. La princesse aux pouvoirs secrets est un conte joliment tourné qu'il serait dommage de ne pas découvrir.

Moyenne des chroniqueurs
6.0