Remains Roulette, zombies et canon scié

T out va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Les querelles mondiales sont oubliées, une femme dirige les USA, nous sommes le 3 Juin 2005, déclaré "Peace Day". Journée mémorable pour l'humanité où toutes les têtes nucléaires du monde vont être détruites. Le moins qu'on puisse dire c'est que tout ne se passa pas comme prévu... Un flash nucléaire monstrueux plus tard et l'humanité a disparu pour laisser place aux zombies et à quelques rescapés, réduits à l'état de proies potentielles. C'est le cas de Tom Bennett, croupier, et Tori, serveuse-danseuse, coincés dans un casino de Reno. Mais bien malin sera le zombie qui les mangera ! Justement...

Remains est un petit bijou jubilatoire, à ranger avec les films de genre, incontournables, de G.Romero ou encore les titres plus récents tels que The Walking Dead ou Les Zombies qui ont mangé le monde. Le titre du recueil annonce la couleur : Roulette, Zombies et Canon scié. Le lecteur répugné par la chair fumante, la tripaille, et les orgies anthropophages n'en franchira pas la porte et pourtant l'humour et la dérision qui règnent dans ces pages sont un vrai bonheur ! Steve Niles, grand spécialiste de l'horreur (il nous a gratifié des originaux et excellents 30 jours de nuit et Criminal Macabre), a parfaitement digéré l'oeuvre cinématographique de son illustre aîné. Il jongle avec brio avec les codes du genre et en profite au passage pour tirer à boulets rouges avec beaucoup d'ironie sur une certaine hypocrisie de la société américaine.

Ici, point de savants fous, pas de virus, pas de déchets toxiques, mais une humanité qui était sur le point de se sortir du cycle de la violence, sur le point d'accéder à la sagesse en tirant un trait sur le nucléaire militaire. Mais on ne se débarrasse pas si facilement de ses démons ! Le huis-clos dans la ville de Reno n'est pas sans rappeler le scénario de Zombie (1978) ou encore son remake L'armée des morts (2004) où il serait trop facile de penser que les affreux sont les morts qui marchent. Kieron Dwyer, s'il n'a pas l'efficacité d'un Ben Templesmith, prend un malin plaisir à dessiner le crade et l'immonde, adjectifs indissociables d'un zombie qui se respecte. Le tout baigne dans les couleurs de Jaten Harper, celles-ci passant par toutes les teintes de marrons, rouges et verdâtres possibles et imaginables qui vont si bien au teint du mort-vivant.

Parodique, Remains s'assume en tant que tel tout en étant fidèle aux "canons" du genre. Cette édition est de plus agrémentée d'une introduction à ne pas manquer sur "les Zombies qui Courent ou Les Zombies qui Marchent" que ne renierait pas Quentin Tarentino entre son analyse de "Like a Virgin" dans Reservoir Dogs ou celle de "Superman" dans Kill Bill. "Allez, Bande de Salopes, on va trouver de la viande", vous en prendrez bien un morceau ?

Moyenne des chroniqueurs
6.5