La compagnie rouge La Compagnie rouge

À une époque où les trous noirs permettent de traverser la galaxie, les planètes se prennent désormais comme les places fortes d’hier. Au cours de condotte régies selon le code de la Guilde, les Compagnies règlent - derrière leurs pupitres - le sort des mondes lors de raids éclairs. La guerre serait presque devenue un sport virtuel s’il n’y avait toujours quelques morts résiduels d’ici et delà …

Afin d’éviter toute ambiguïté, que les réfractaires à la manière de procéder de Jean-Michel Ponzio passent leur chemin… Les autres peuvent alors se plonger dans La compagnie rouge et essayer de s’habituer au processus créatif du dessinateur de Plus belle la vie ! Alors oui, cela donne parfois des résultats curieux, voire hasardeux ; oui, la mise en scène manque cruellement de dynamisme et le trait numériquement hyperréaliste peut surjouer au risque d’agacer les puristes de la mine de plomb et du bleu ; mais le monde graphique est fait de diversités dont Jean-Michel Ponzio explore l’une des frontières. Ceci dit, et aussi étrange que cela paraîtra pour d’aucuns, globalement, l’œil s’habitue et il s’établit un équilibre entre le photo-réalisme des protagonistes digitalisés et les superbes décors numériques dans lesquels ils évoluent, conférant une véritable dimension épique à ce space opera qui sait emprunter à ses illustres prédécesseurs cinématographiques .

Alors au-delà d’une esthétique sujette à discussion, dont les qualités gomment par ailleurs les défauts, il faut arriver à parler du scénario d’un certain Simon Treins dont la bibliographie pourrait, par erreur, être attribuée à Jean-Pierre Pécau !

La compagnie rouge est un album de science-fiction conséquent qui, curieusement, cultive les figures du passé et les projette en un avenir où les descendants de l’espèce humaine ont fini par coloniser les étoiles et s’atomiser en autant de colonies. Mais il demeure une constante aussi universelle que celle de Planck qui permet aux nouveaux condottieri de sillonner l’espace et à Simon Treins de disserter sur les travers de l’Humanité. Ainsi, les presque cent-vingt-cinq planches de ce one-shot lui laissent un bel espace, qu’il sait occuper pour enchâsser les histoires telles des poupées russes, chacune ayant son petit message et ses références ce qui viendrait presque à en faire oublier le récit principal. Toutefois, malgré cette relative profusion, l’ensemble fait de preuve de consistance et de cohérence.

Album ambitieux à la sortie longtemps reportée, La compagnie rouge tient ses promesses !

Moyenne des chroniqueurs
6.0