Les carolingiens Les Carolingiens

R éaliser un album de bande dessinée historique n'est pas chose aisée, tant les amateurs et les spécialistes ont le regard acéré et peuvent être durs dans leurs remarques. Alors, lorsqu'il s'agit de manipuler cette histoire pour faire rire, le défi est encore plus risqué. C'est pourquoi des auteurs s'y sont cassés les dents, tandis que d'autres sont devenus des géants du neuvième art. Alors, quand les éditions Fluide Glacial propose des titres appartenant à ce registre, il y a de fortes chances que ceux-ci soient intéressants et c'est le cas pour le présent album.

À sa mort, le maire du palais Pépin le bref laisse son pouvoir aux mains de ses deux fils : Carloman et Charles. Les frères vont bientôt se livrer à une lutte de succession. Négociations, tensions et trahisons sont au rendez-vous. Ce n'est pas tout, l'auteur propose de découvrir les coulisses de la montée de Charlemagne sur le trône, ce qui risque de surprendre...

Pierre Place est à la fois scénariste, dessinateur et coloriste de cette bande dessinée. Il s'agit de son première expérience à ces trois postes. Fluide Glacial et d'autres maisons ont déjà édité plusieurs de ses albums où il collaborait avec d'autres artistes, comme Baru sur le très bon Silence de Lounès. Dans Les Carolingiens, il sort de la chronique sociale pour aller vers de l'humour bien dosé et réfléchi. En effet, les ressorts comiques sont variés, allant du gag de situation au loufoque en passant par le jeu de mot et le détournement, c'est ainsi que les lecteurs le découvriront dès l'ouverture à travers les tableaux de la reine Berthe. Le bédéiste arrive à réaliser ce panel humoristique tout en collant à la réalité historique. La chronologie est respectée, l'entourage de Charles est présent avec un chevalier Bayard à la hauteur de sa légende. Les lecteurs assisteront à la manière dont le futur empereur à la barbe fleurie choisira son biographe lors d'un incident fâcheux en lien avec l'écriture d'un "sexscriptimus" qui causera la perte du grand amour du chef d’État. Les lecteurs ont sous les yeux une relecture fort drôle des jeunes années du monarque et de sa cour, s'éloignant ainsi de la légende.
Concernant l'aspect visuel, rien à redire. Le trait est sympathique, donnant une bouille amusante aux différents protagonistes et allant de paire avec le genre proposé. Les grandes oreilles de Charles le Carolingien ne sont pas s'en rappeler celles d'un autre Charles plus contemporain, à l'instar de la moue de Berthe, où du look de Bayard...

Les Carolingiens est une bande dessinée qui plaira aux amateurs d'humour historique tout comme à celles et ceux qui s'intéressent à cette période. Les aspects comiques s'appuient sur un contenu scientifiquement correct. Bref, cet album n'est pas "du travail d'Ostrogoth".

Moyenne des chroniqueurs
7.0