La tresse

E lles s’appellent Smita, Giulia et Sarah. L’une est Indienne et intouchable ; la deuxième est Italienne et étudiante ; la troisième est mère de famille et avocate. Celle qui ramasse les ordures et rêve d’un meilleur avenir pour sa fille va rencontrer, sans le savoir, celle qui reprendra l’atelier familial de confection malgré les dettes accumulées. Et les méandres singuliers de la destinée les lieront toutes deux à celle que la maladie est venue frapper sans crier gare.

Succès littéraire, La Tresse de Laetitia Colombani vient d’être décliné en bande dessinée par Lylian (Titouan, Magic, L’aventure fantastique, ou encore les adaptations de Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une, Méto, La quête d’Ewilan) et Algésiras (Candélabres, Elinor Jones, Les Guerriers du silence et des contributions à plusieurs collectifs). Rodé au passage d’un médium à l’autre, le premier livre un propos respectueux du roman original et la seconde donne corps et vie aux protagonistes.

Décliné en trois chapitres, l’album suit donc le parcours de ces femmes à un moment donné de leurs existences respectives, les conduisant finalement, par le truchement des circonstances, à faire chœur d’une certaine manière. Le récit les présente, tour à tour, dans leur quotidien et leur environnement habituel, avant que l’adversité les oblige à s’engager courageusement dans un combat à la fois personnel et les dépassant. La narration chorale s’attarde de l’une à l’autre, montrant juste ce qu’il faut à chaque séquence pour donner envie d’avancer, de les accompagner et de voir leur lien prendre forme. Que ce soit Smita, Giulia ou Sarah, toutes se caractérisent par une volonté qui les porte jusqu’à atteindre leurs objectifs : de meilleures conditions de vie, le sauvetage de la fabrique et des emplois qu’elle génère, la rémission face à la maladie.

Les destinées de ce trio dispersé aux quatre coins du monde sont joliment mises en image par Algésiras. La douceur de sa ligne claire et des couleurs en à-plat capte agréablement le regard. Les longues cases verticales ouvrant chaque partie donnent le ton et posent les ambiances, tandis que les cadrages sur les visages invitent dans l’intimité des personnages, retranscrivant avec justesse leurs émotions. Parallèlement, les vues plus larges permettent d’apprécier le soin apporté aux détails et à l’atmosphère propre aux divers lieux visités.

Une déclinaison BD fidèle et sensible de La Tresse ; à découvrir.

Moyenne des chroniqueurs
7.0