Thorgal 40. Tupilaks

D éjà le cinquième album de Thorgal scénarisé par le prolifique Yann, à l'exception des spins offs qu'il a pris en charge. En effet, après avoir conclu un arc narratif qu'il n'avait pas initié, il s'est ensuite limité à deux albums d'aventures teintés de fantastique, sans trop s'approcher de la mythologie attachée à la série. Ayant pris ses marques, il entame désormais dans un nouveau grand chapitre de cette saga emblématique. Avec Neokara et cette suite, Tupilaks, il plante profondément ses griffes dans la charogne et attaque l'os. Il s'offre un retour aux Mers Gelées et de l'inoxydable Kriss de Valnor, qui surgit comme un Olrik de sa boîte, tout en réintroduisant l'aspect SF.

Le retour d'un personnage emblématique est d'ores et déjà annoncé sur la couverture. En effet, le scénario se lance dans le remplissage de quelques interstices qui existaient encore dans le récit du retour des Atlantes sur Terre, épisode déjà abordé dans L'Ile des Mers Gelées, L'enfant des étoiles, Le cycle de Qâ et Le royaume sous le sable (que le scénariste semble ignorer ici, mais cela ne lui sera pas reproché, ce tome faisant partie des plus faibles de la série). La genèse était parfaitement posée par Jean van Hamme. Etait-il nécessaire de rajouter autant de péripéties et rebondissements ?

À l'instar de la métaphore de Forrest Gump, cette histoire ressemble à une boîte de chocolats. Le lecteur ne sait jamais sur quoi il va tomber : un McGuffin, un Deus Ex Machina, une coïncidence incroyable, un WTF ? Le tout est conditionné dans un emballage trop petit, les pralines sont donc compressées jusqu'à la rupture. La narration est menée au pas de charge, passant d'une scène à l'autre sans cohérence ou progression dramatique. Le résultat paraît au final terriblement brouillon, avec une impression de lourdeur accentuée par des dialogues emphatiques et artificiels. Ce naufrage est d'autant plus incompréhensible que sur La jeunesse..., Yann produit encore des récits classiques mais plaisants.

Quant au dessin de Vignaux, il reste efficace, malgré certaines maladresses dans les visages. Il n'est définitivement pas au niveau du meilleur Rosinski, mais bien peu peuvent prétendre rivaliser avec ce dernier lorsqu'il était en pleine possession de ses moyens.

L'univers de Thorgal est-il définitivement exsangue ? Des albums simplement anecdotiques comme Sydonia représentent-ils le mieux à espérer pour l'avenir ? Le spin off réalisé par Robin Recht aura la lourde tâche de définir s'il reste des choses à faire avec l'enfant des étoiles.

Moyenne des chroniqueurs
4.0