La chambre des merveilles (Pelaez/Delpeche) La chambre des merveilles

L e jeune Louis vit à Paris. Les passions, ce n'est pas ce qui lui manque non, par contre, l'attention de sa mère, c'est une autre histoire ! Thelma a pour meilleur ami un téléphone portable. Toujours overbookée par son job de directrice d'une grande entreprise, elle est sans cesse accaparée par son boss. Alors OK, puisque c'est comme ça, le petit intrépide a décidé de lui faire une belle frayeur ! Il prend son skate et file dans les rues de la capitale. Si facile, tellement grisant ; tout va très vite, trop certainement, car un camion surgit et…

Voici l'adaptation du premier roman - un gros succès - de Julien Sandrel, La chambre des merveilles. Pour Philippe Pelaez, le challenge était de transposer deux-cent soixante-douze pages en une bd de format classique. Il a choisi de raconter du point de vue de l'enfant en voix off. Ce narrateur, acteur inanimé, gisant de chair et de sang, est réduit à l'état de conscience, parlant du lit d'hôpital où il est maintenu dans le coma. La maman, elle, sombre également. Elle végète, prête à jeter l'éponge, avant qu'elle ne trouve un gros cahier dans lequel son garçon a consigné ses rêves les plus fous. Dès lors, à elle de jouer. Le choix a été fait de laisser en retrait l'aspect hautement dramatique du sujet et de se concentrer sur les réactions face à l'évènement. Le récit diffuse une énergie très positive : la motivation de la figure maternelle et ses espoirs sont contagieux, le lecteur veux y croire. Une belle leçon de vie qui plonge dans les rêves d’un môme et de les vivre par procuration. Même si les situations sont improbables, l'humour les fait passer comme une lettre à la poste. L'important, c'est le geste, l'élan, pour éviter d'être plombé du pathos. Finalement, c'est avant tout Thelma qui revit, grâce à la folie des souhaits de son fils. Elle dépense sans compter, se sent légère, ne regarde plus l'heure ; elle est complètement décomplexée et libre.

Vous ne retrouverez pas le Patricio Angel Delpeche de La ferme de l’enfant-loup, mais plutôt celui de Larkia. Le style semi-caricatural associé aux aplats de couleurs douces et contrastées donne la tonalité de l'album : du rythme et de l'optimisme. Les visages expressifs rendent les personnages attachants et la lecture relativement agréable.

Évocation de « l’importance de profiter de l’instant présent », cette relation d’amour mère–fils touche de manière universelle et cela, de belle façon. Pour information, le film sortira en 2023.

Moyenne des chroniqueurs
6.0