À l'orée du Monde

J ames, qui ne souhaite pas assister plus longtemps aux disputes de ses parents en cours de séparation, n'a qu'une idée en tête : trouver les enfants perdus de la forêt et vivre à leurs côtés. Mais le garçon est bien loin d'imaginer la vie en autonomie, loin des adultes et de leurs règles, qui l'attend auprès de cette drôle de colonie...

Porteur de ce projet depuis longtemps, Kapik, pour sa première parution dans le neuvième art, revisite le récit d'apprentissage. Pour mettre en images son histoire, il s'associe avec la dessinatrice Kim Consigny déjà remarquée avec Magic Félix (avec Séverine Vidal chez Jungle), George Sand, Fille du siècle (même duo, chez Delcourt) ou encore Forté (avec Manon Heugel chez Dargaud). Dans les pas de leur personnage principal en quête d'évasion face à ses problèmes familiaux, les auteurs brossent un véritable parcours initiatique.

Le mystère de cette communauté d'enfants autonomes, le rejet de la société et ses dérivés ultra capitalistes, le besoin d'utopie, l'excitation devant les défis de cette nouvelle vie : le héros traverse de nombreux moments qui vont le forger et l'aider à murir. Dans une atmosphère particulière, que le trait fin et assuré de Kim Consigny souligne à merveille, il devient aisé de se laisse porter par cette drôle d'aventure. Si la peur de grandir, des adultes et de ce qu'ils représentent aurait gagné à être un peu moins appuyée et les alternatives plus développées, le sujet est ailleurs. La mise en scène, sobre, confère à ses près de cent trente planches une lisibilité constante qui participe à l'immersion. Et malgré un léger manque d'enjeux pour qui sait déceler les indices quant à l'issue de ce voyage, l'ensemble se tient et se lit d'une traite.

Relecture toute personnelle du mythe de Peter Pan, À l'orée du monde surprend. Il ne lui manque pas grand chose pour être pleinement convaincant, toutefois cet album reste une belle découverte et marque la naissance d'un duo d'auteurs prometteurs.

Moyenne des chroniqueurs
6.0