Le manoir Sheridan 2. Retour aux enfers !

E dana est dans un état cataleptique depuis que son oncle, Angus MacMahon, l’a sacrifiée dans sa quête d’immortalité, laquelle trouve ancrage dans un univers parallèle peuplé de monstres. Dans ce deuxième tome du Manoir Sheridan, Daniel se laisse convaincre de porter secours à la belle endormie en franchissant une fois de plus la porte de Géhenne. Le pandémonium se nourrissant de ses peurs, il est hanté par ses mauvais souvenirs, notamment ceux remontant à l’orphelinat où il a trouvé refuge à la suite du décès de son père.

Dans ce scénario en forme de rite initiatique, le garçon est appelé à surmonter créatures lucifériennes et traumatismes de son enfance pour devenir un homme digne de conquérir le cœur de sa dulcinée.

Jacques Lamontagne, surtout connu pour ses illustrations (Wild West, Druides), agit cette fois comme scénariste d’un récit empreint de nostalgie, un monde où les choses sont bien tranchées. À preuve, la galerie des personnages, tous plus archétypaux les uns que les autres : un méchant sans foi ni loi, un pleutre se découvrant une âme de héros, un gentil géant et une princesse qui attend patiemment d’être délivrée.

Certains rebondissements se montrent un tantinet factices : un livre dissimulé sous la veste sauve la vie du protagoniste sur lequel on tire un coup de feu, une porte de sortie inattendue s’ouvre alors que la situation se voulait inextricable ou encore un héritage imprévu assure une fin heureuse au conte. Il faut sans doute y voir une sorte de pacte avec le lecteur, lequel doit éviter de pinailler et plutôt apprécier une sympathique histoire de chevalier inscrite dans la cambrousse québécoise du début du XXe siècle.

Ma Yi (Elphes, Yuna, Orcs et Gobelins) a déjà fait ses preuves dans la fantasy et ses décors, glauques à souhait, renvoient aux pires cauchemars ; ses arbres apparaissent particulièrement terrifiants. À l’inverse, le paladin est dessiné d’un trait presque caricatural ; la nièce assoupie a quant à elle l’allure d’une héroïne de manga. Ce hiatus surprend, sans pour cela être inintéressant. Un peu comme si, à la façon de Tim Burton, l’artiste rappelait qu'il ne faut pas prendre ce récit au sérieux. La colorisation, très foncée, accentue pour sa part le climat d’angoisse déployé par l’artiste.

Un agréable album grand public, à lire par une sombre journée d’automne.

Moyenne des chroniqueurs
7.0