Métax

L a Ville dépendait du Métax, ce minerai mystérieux découvert il y a bien longtemps pas les Fondateurs. Protégée par de hauts murs, elle prospérait grâce à l'exploitation de cette ressource essentielle à son fonctionnement. Une partie de la compagne est depuis défigurée par les sites d'extraction qui se sont épuisés les uns après les autres. Officiellement, il n'y a aucune inquiétude à avoir. La découverte d'un nouveau gisement est imminente. Pourtant, dans les coulisses, l'ambiance est tout autre. Les sbires du roi font clairement comprendre à l'ingénieur en charge de la prospection qu'un échec serait perçu comme une trahison. En effet, hors du palais, la colère gronde. Des attentats se multiplient et une mystérieuse maladie se répand dans la population.

Même si l'univers décrit dans Métax se situe des années-lumière du nôtre, la métaphore est plus qu'évidente. Antoine Cossé mélange les genres avec brio, entre tragédie antique, science-fiction et critique sociale. D'étranges terroristes arborent des masques qui évoquent à la fois @nonymous et les coryphées du théâtre grec classique. Des motards sillonnent de longues routes qui serpentent inlassablement, comme si elles ne menaient nulle part. Une mise en page très cinématographique apporte beaucoup de dynamisme à un scénario qui opte pour des ruptures de ton inattendues. Le graphisme s'appuie sur un lavis charbonneux qui accentue une atmosphère de mort lente, entre oxydation et moisissure. L'introduction de la couleur dans la dernière partie apporte alors toute sa dimension à une séquence onirique essentielle lors de la conclusion. Tout le livre est construit sur un jeu d'oppositions et de renversements. La révolution n'est pas loin.

Le propos paraît malgré tout assez attendu. Le mélange de symbolisme et de réalisme pour dénoncer les dérives actuelles est presque trop dans l'air du temps. Les crises économiques et écologiques à répétition et le peu de réponses apportées tendent pourtant à montrer que continuer de taper sur le même clou, aussi dérisoire que cela puisse sembler, reste nécessaire. Il faut plus d'un coup de marteau pour l'enfoncer.

Moyenne des chroniqueurs
6.0