Yoko Tsuno 30. Les Gémeaux de Saturne

A u large des côtes écossaises, un astronef surgit de l’océan et gagne l’espace. À son bord, un équipage composé, entre autres, de Yoko et de Khâny. Destination Saturne, officiellement pour une mission de routine. En cours de route, Akina dévoile le véritable objet du voyage : explorer les restes d’une comète, en orbite autour de la planète aux anneaux, étrangement composée d’eau et d’oxygène. Quelques discussions et chicaneries plus tard, l’équipe parvient à la station permanente, à proximité de la cible. Là, Akina révèle à ses comparses qu’un message est émis du débris stellaire : « Sauvez Rya ». L’exploration révèle rapidement la présence d’un engin spatial au creux duquel une forme de vie est détectée.

Après quinze années passées au sein du studio Hergé à travailler sur Tintin, Alix et Lefranc (1953-1968), Roger Leloup crée sa propre série, en tant que scénariste et dessinateur. À la suite de quatre récits courts, dont deux en collaboration avec Maurice Tillieux, Yoko Tsuno se lance dans son premier long format dans Spirou, en mai 1971, avec Le Trio de l’étrange. La jeune héroïne japonaise, ingénieure en électronique, détonne dans le monde de la bande dessinée d’alors, encore très masculin. Le succès sera au rendez-vous et franchira allègrement les frontières.

Avec Les Gémeaux de Saturne, c’est le trentième épisode qui est publié. Il poursuit le développement de l’univers de la saga et fait appel au passé de la jeune fille, ainsi qu’à des éléments ou personnages apparus dans les albums précédents. L’intrigue tourne notamment autour du destin de Vinéa, la planète originelle. Si le projet est cohérent et légitime, sa réalisation n’est pas une franche réussite. La faute n’en revient pas au graphisme, parfaitement maîtrisé par le créateur, dessinant des paysages arides crédibles, des personnages tels qu’ils sont connus et insufflant une réelle dynamique à ses scènes d’action. Le point faible réside plutôt dans les dialogues, les interactions entre les personnages et le découpage des planches. Les protagonistes sont trop nombreux. L’auteur voulant permettre l’expression de chacun, l’enchainement des répliques est souvent saturé, d’autant plus que l’ensemble est alourdi par des micro-disputes superflues. L’ensemble est bavard, cette caractéristique créant davantage de confusion que d’explicitation. La fluidité de la lecture en est altérée, ainsi que les messages sous-jacents. Par ailleurs, la langue utilisée est inutilement alambiquée, voire un brin datée. C’est un faux-pas pour cette aventurière, qui n’en a guère connu.

Moyenne des chroniqueurs
3.3