Le boiseleur 2. L'esprit d'atelier

I llian créait des oiseaux si parfaits que les habitants de Solidor les ont finalement préférés aux vrais. À Belizonde, Tulio, un maître sculpteur, trouve par hasard un de ces volatiles de bois. Il en est séduit, tellement qu’il recrute le garçon dans son atelier. L’arrivée du néophyte indispose cependant Rowan, lequel accepte mal que le nouveau venu représente son équipe dans un affrontement artistique avec celle de Sassu, un rival prétentieux.

Dans un de ses derniers scénarios, Hubert évoque un voyage initiatique de facture classique. Dans son village prolétaire, le ciseleur a développé un talent brut ; ses créations charment, mais constituent avant tout de l’artisanat. Sous la houlette d’un maître bon, mais exigeant, il en revient aux bases de son métier pour en maîtriser toutes les subtilités et éblouir une cité dédiée aux arts. Cet apprentissage donne lieu à de belles considérations sur le beau et l’harmonie. Le scénariste explique, par exemple, que l’objectif doit être la cohérence de l’ensemble, même si, pris isolément, chaque détail se révèle imparfait.

Ce nouvel opus se distingue du premier. Alors que le tome initial avait l’allure d’une fable, celui-ci est beaucoup plus convenu. Le récit a un ton manichéen. Le bien, incarné par un jeune homme à l’âme pure, s’oppose au mal, à savoir la jalousie et la rivalité qui teintent toutes les relations entre les créateurs. L’apprenti tourne le dos à ces querelles ; sa noblesse d’esprit et sa propension au pardon font pratiquement de lui un saint.

Gaëlle Hersent propose des illustrations semi-réalistes, soutenues par un agréable trait charbonneux et une colorisation reposant essentiellement sur des couleurs terre. La bédéiste relève en outre le défi de capter l’essence du deuxième art. Pour y arriver, elle dessine les sculptures en adoptant un style abstrait. Il y a dans ces dessins une forme de mouvement, un peu comme si l’observateur se déplaçait autour de l’objet pour l’apprécier de différents points de vue. Cette approche est convaincante.

En fin d’album, quelques planches présentent ce qu’aurait été la conclusion du triptyque. Il demeure triste de penser que l’auteur est parti et que la trilogie ne sera jamais vraiment complétée.

Une bande dessinée sympathique ; l’éblouissement du premier volet n’est toutefois pas au rendez-vous.

Moyenne des chroniqueurs
6.0