Buck Danny 59. Programme Skyborg

L es inséparables compères Buck Danny, Sonny Tuckson et Jerry Tumbler ont reçu une nouvelle affectation pour la fameuse base Edwards, située dans une zone isolée de Californie. Le colonel Haven les informe rapidement qu’ils vont être chargés de tester Skyborg, prototype de combat aérien autonome, autrement dit un drone hyper sophistiqué doté d’une I.A. lui permettant d’apprendre de toutes les situations nouvelles et de ses éventuelles erreurs. Le malaise s’installe rapidement. Sonny raille ce qu’il considère comme un vulgaire automate ; Tumb pressent la fin du métier de pilote combattant. Le premier exercice est organisé. Non loin des installations militaires, une équipe de hackers s’emploie à récupérer les fréquences radio utilisées, ainsi que les données échangées. Ils sont eux-mêmes observés discrètement par une jeune femme. L’équipe d’ingénieurs constate des bugs fâcheux dans l’attitude de l’appareil. Lors du second essai, celui-ci, désormais piraté, échappe à tout contrôle et se dirige droit vers Los Angeles. Buck Danny le prend en chasse.

Programme Skyborg est le 59ème épisode de la série Buck Danny, si l’on ne tient pas compte des treize albums sortis dans les collections One Shot, Classic ou Histoires courtes. Rappelons que la saga a été initiée par Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon, dans Spirou, en 1947, avec Les Japs attaquent. Ce célèbre tandem a produit les quarante premiers titres. Depuis le numéro 54, c’est le duo composé de Frédéric Zumbiehl (également engagé dans Team Rafale et Tanguy et Laverdure) au scénario et Gil Formosa (dessinateur de Robur et de Patrouilles aériennes acrobatiques) qui tient le manche.

On pourrait croire le filon épuisé, la source tarie et la matière essorée, mais ce premier volet d’un diptyque a des ressorts narratifs bien tendus et se laisse investir sans difficulté. La recette tient dans l’équilibre entre tradition (les trois héros et leurs caractéristiques propres, l’humour, les affrontements en vol, un contexte géopolitique identifié) et innovation (actualité de la recherche scientifique et de l’histoire, de nouveaux personnages). Le propos est bien ancré dans les tensions du 21ème siècle (l’Intelligence Artificielle, la place de la Corée du Nord sur l’échiquier mondial, la cyber sécurité) et s’adresse ainsi à un large public. En prenant un peu de hauteur, l’intrigue questionne la place de l’humain face aux machines et met sur la table l’instinct de conservation, paramètre de décision essentiel, qui ne pourra certainement jamais être encodé.

Porté par un scénario parfaitement maîtrisé (traitrise, tueur à gage, sentiments de vengeance, organisations de l’ombre tirant des ficelles vitales, agents spéciaux du gouvernement ou infiltrés, une jolie ethnologue, un baiser dans le désert navajo) et un dessin qui emporte au-dessus du Grand Canyon et de Monument Valley dans des fulgurances à Mach 1, classique sans être passéiste, ce nouvel opus est une franche réussite. La qualité de cette reprise se confirme incontestablement. La suite et la fin interviendront dans Air Force One.

Moyenne des chroniqueurs
7.0