A History of Violence
T
om McKenna vit paisiblement à Raven’s Bend, petite bourgade sans histoire. Il est respecté et connu de tous, jusqu’au jour où surgissent dans son restaurant deux truands en cavale en quête d'argent facile. Surprenant son monde, il retourne la situation à son avantage en descendant un des malfrats et en blessant l’autre. Il est aussitôt transformé en héros local et son portrait est largement diffusé dans la presse. Quelques temps après, débarquent dans son café trois hommes plus qu’inquiétants, qui croient distinguer en lui une ancienne connaissance.
Avec A history of violence, John Wagner (Judge Dredd) marche sur la corde raide en abordant un sujet plus qu'épineux. Dès le début de l’intrigue, on comprend qu’il part du principe que la violence engendre la violence et que, quelle que soit son intensité, elle ne pourra être résolue sans regain de sauvagerie. L’album divisé en trois chapitres, apparaît comme une démonstration. Surprenant son entourage, le père tranquille Tom McKenna change radicalement de comportement et se transforme en l’espace d’une seconde en tueur implacable, montrant ainsi que chacun cache au fond de lui-même une brutalité ne demandant qu’à sortir. De ce fait, plus rien chez lui et pour sa famille ne sera comme avant.
L’auteur joue ainsi avec les nerfs du lecteur en maltraitant la tranquillité de la famille moyenne de Tom, une femme et deux enfants charmants, et en jonglant avec la confusion d’identité du personnage principal. Progressivement la violence devient brutale et inévitable, elle fait froid dans le dos. Cette atmosphère malsaine est rehaussée par le trait brusque et concis de Vince Locke, et appuyée par un noir et blanc sans fioritures, basé sur les hachures. Les scènes de combat sont dessinées rapidement, presque jetées sur le papier, et sont impeccablement cadrées, à la manière d’un polar de cinéma. On est d’ailleurs ici à mi-chemin entre Reservoir dogs et Mystic river.
A history of violence est donc un thriller passionnant de bout en bout, aux scènes parfois insoutenables, mais qui reste cohérent et ne quitte jamais son fil conducteur. A noter que cette sortie coïncide avec celle de l’adaptation cinématographique de David Cronenberg, présentée en sélection officielle à Cannes cette année.
7.7