Ces petits riens qui changent tout

T ous les ans, Roger doit trouver une idée pour animer la fête de la commune normande où il vit. Il remplit ainsi la promesse faite à son épouse décédée depuis quelques années. Le veuf propose au maire de réaliser un puzzle géant. Le projet plaît au politicien, lequel dirige justement une usine de jeux. Parallèlement, Isa, généralement malheureuse en amour, est courtisée par Erwan, un beau marin ténébreux, et par Hippolyte, l’instituteur au grand cœur.

Le scénario de Jérôme Félix et Dominique Legeard demeure plein de bonnes intentions. Les protagonistes se révèlent attachants et le lecteur est évidemment sensible au sort des petites agglomérations en mal de reconnaissance. Dans cette comédie sentimentale, il ne fait nul doute que tout finira bien. Un brin de tension aurait cependant permis de pimenter le récit.

Certains personnages ont néanmoins du potentiel. Il y aurait quelque chose à faire avec celui qui porte les casquettes d’industriel et d’élu, sans se soucier des conflits d’intérêts. Mieux encore, l’amoureuse en série, adepte de la drague agressive et prête à tomber follement amoureuse de tout garçon un peu gentil, a certainement quelque chose à raconter. Idem pour ce sympathique père célibataire et sa marmaille survoltée. Les ingrédients sont pourtant au rendez-vous pour une tragédie à la Marcel Pagnol, mais il manque ce je-ne-sais-quoi et l’histoire ne décolle pas vraiment.

Il y a peu à dire sur le dessin semi-caricatural d’Alain Janolle. Son trait est simple et agréable ; ses acteurs vivants et les décors généreux.

La métaphore du puzzle, où des éléments dissemblables sont juxtaposés pour former un ensemble très solide demeure intéressante. Dans Ces petits riens qui changent tout, les pièces ne composent malheureusement pas de véritable fresque.

Moyenne des chroniqueurs
5.0