La chute de Dante

D ante n'a qu'un rêve, que ses œuvres soient exposées et son talent enfin reconnu. Choyé par sa femme Beatriz et couvé par son agent, Xavier, le peintre profite de son havre de paix en pleine campagne pour chercher sa voie. Devant les refus des galeries et le manque d'inspiration, le moral n'est pas au mieux et il en vient à espérer un miracle...

Au lieu d'un coup de main divin, c'est plutôt une aide diabolique que Manolo Carot offre à son Dante. En mettant sur la route de son protagoniste la mystérieuse et sublime Judith, il décrit la lente et inexorable descente aux enfers de l'artiste. Malheureusement, la pagination - cinquante-quatre planches - semble trop réduite pour que l'auteur ait le temps de développer le cadre ou d'épaissir les personnages. Leur psychologie s'en retrouve esquissée et il est difficile de s'attacher au peintre et ses amis. Cette impression est renforcée par un rythme rapide. Les événements s'enchaînent rapidement sans laisser le temps d'y croire pleinement en passant d'un état d'esprit à l'autre.

Malgré cette impression de trop peu, l'auteur parvient à exprimer les tourments dans lesquels son héros est plongé grâce à un trait expressif et une technique maîtrisée. Les corps sont dessinés avec talent, les mimiques et réactions exagérées ce qu'il faut et la mise en scène propre même si les ellipses sont souvent brutales. Car le propos en pâtit et semble engoncé dans ce format trop resserré pour faire monter la tension et donner du corps aux réactions.

Cette Chute de Dante vaut plus par sa forme que par son fond. Malgré un style indéniable qui permet à Manolo Carot de s'amuser sur des scènes plus ou moins osées, la force du propos pèche un peu et fait de cet album une relecture anecdotique du mythe de Faust.

Moyenne des chroniqueurs
4.0