L'obsession du pouvoir

G érard Davet et Fabrice Lhomme s’intéressent à la politique. C’est donc tout naturellement que les deux journalistes d’enquête ont posé leurs regards sur trois présidences de la République. D’abord celle de Nicolas Sarkozy, entachée par les scandales, puis celle de François Hollande, un homme candide et naïf, qui semble le seul à ne pas percevoir les ambitions d’Emmanuel Macron.

Plutôt que de simplement tracer le portrait de ces trois figures (le tandem a déjà écrit leur histoire et les livres ont cartonné), cette bande dessinée raconte la démarche des informateurs au service de différentes publications, mais surtout du quotidien Le Monde. Le titre, L’obsession du pouvoir, est à double sens. Certains l’exercent, d’autres cherchent à le comprendre ; une chose demeure certaine, l’administration publique les fascine tous.

L’album ne présente pas de révélations fracassantes et croustillantes et ne propose pas de points de vue inédits sur les coulisses de l'Elysée. Il démontre cependant à quel point l’ancien maire de Neuilly-sur-Seine a marqué l’Hexagone. Congédié par l’électorat, il continue d’être au cœur de l’actualité et de cette bande dessinée.

Le projet expose avant tout la rigueur de la méthode : vérifier les faits, enregistrer les entrevues, ne pas citer de sources anonymes, etc. En cela, le propos redore le blason des grands médias, lesquels déploient des moyens importants pour fournir une information de qualité, alors que de petites structures improvisées se montrent moins rigoureuses. Le récit explore également la relation d’amour / haine qu’entretiennent les politiques et les reporters. Les premiers livrent aux gratte-papier le message qui les sert, les seconds aspirent à dépeindre la vérité, idéalement avant leurs confrères, car la concurrence est vive dans ce métier.

L’illustrateur Pierre Van Hove joue un rôle de soutien. Son dessin, relâché et semi-réaliste, est très efficace. En quelques coups de crayon, le dessinateur traduit les émotions des acteurs, situe les lieux et construit un décor révélateur, quoique minimaliste.

Le résultat se révèle mi-chair, mi-poisson, un peu comme si les auteurs n’avaient pas su choisir entre deux sujets. Au sortir de la lecture, le bédéphile n’est pas mieux informé sur les trois quinquennats et n’a rien appris de vraiment nouveau sur l’exercice du quatrième pouvoir. Cet aspect aurait gagné à être approfondi.

Moyenne des chroniqueurs
5.0