Le livre des sorcières 1. Premier volume

1551, près de Clèves dans le Saint-Empire romain germanique. Jean Wier est missionné par son duc pour se rendre dans un village reculé où se serait passé un étrange évènement : une adolescente aurait été attaquée par un loup-garou ! Plusieurs objectifs pour le jeune homme : soigner la victime, apaiser les craintes et les tensions qui grandissent au sein de la population locale alors que la peur s’installe et retrouver l'agresseur, quel qu'il soit.

Avec cette série prévue en trois tomes, Ebishi Maki traite de la période où des docteurs se sont dressé contre la chasse aux sorcières, plaidant que ces femmes étaient de simples patientes atteintes de perturbations mentales. La mangaka, très rigoureuse dans ses recherches, confère au titre une épaisseur qui pourrait être confondue avec de la lourdeur. Que nenni ! De fait, ces deux premiers épisodes s’avèrent denses et riches en éléments de contextualisation, sur l'environnement ainsi que le profil psychologique et social des personnages non fictifs (Henri-Corneille Agrippa de Nettesheim, Jean Wier, Johann Georg Faust). Néanmoins, sa narration claire et efficace captive sans effort. L’enquête de fond est ponctuée de flashbacks sur la jeunesse du héros, traumatisé pour avoir condamné son amie d’enfance au bûcher et avoir assisté à son exécution. Le lecteur le découvre à plusieurs moments clefs de sa vie, notamment à travers sa relation avec son maître et mentor, un médecin érudit dont la science côtoyait l'ésotérisme. Au fur et à mesure de la lecture, le passé prend le pas sur le présent. Reste à savoir dans quelle direction s'orientera le titre par la suite.

Le dessin, plutôt original par rapport à la production manga habituelle assez lisse, se révèle très agréable avec un trait fin, lâché et une belle lisibilité dans les planches dont la gestion des décors plutôt chiches en détails accentue cependant l'atmosphère inquiétante.

Un début passionnant très bien documenté, navigant avec aisance sur la frontière du réel et de la fiction. Graphiquement impeccable, Le livre des sorcières est une très bonne surprise, sur tous les plans.

Moyenne des chroniqueurs
6.5